Génie civil : un nouveau lycée technique au Cameroun
Ouvert à Ekounou à Yaoundé pour le compte de l’année scolaire 2025-2026, cet établissement scolaire accueille 180 élèves dans six spécialités. Une aubaine pour le pays, mais face aux besoins nationaux, les défis restent immenses.
Routes dégradées, chantiers qui s’éternisent ou à l’abandon, des ponts qui s’effondrent après quelques pluies… Le génie civil au Cameroun demeure une préoccupation majeure. Au 31 décembre 2023, le ministre des Travaux publics (Mintp), Emmanuel Nganou Djoumessi reconnaissait que moins de 9% du réseau routier national est bitumé sur un linéaire de 121 873 Km. Selon la Banque mondiale, le Cameroun perd ainsi plus de 100 milliards Fcfa par an à cause du mauvais état des routes.
Un constat qui rejoint une critique formulée en 2014 par l’ex Mintp, Patrice Amba Salla, pour qui la majorité des entreprises locales qui gagnent les marchés publics au Cameroun sont incompétentes. Une remarque qui met en lumière le manque de compétences dans le secteur. C’est pour y répondre qu’a été ouvert cette nouvelle année scolaire 2025-2026, le Lycée technique professionnel des métiers du Génie civil d’Ekounou, situé dans l’arrondissement de Yaoundé IV.
Doté d’infrastructures modernes et complètes, cet établissement compte : un bloc administratif de 19 bureaux, 15 salles de classe, une bibliothèque, 03 laboratoires, 02 salles de dessin, 02 salles de science tech, 02 salles informatiques, 01 salle multimédia, un amphithéâtre en plein air de 250 places assises + 50 debout ; 10 ateliers ; 1 gymnase couvert avec vestiaires et deux dortoirs entre autres.
A la rentrée scolaire du 08 septembre 2025, 180 élèves sélectionnés par concours ont intégré six spécialités : gros œuvre bâtiments, travaux publics, menuiserie-agencement, géomètre-topographe, dessinateur/projeteur, installation sanitaire et hydraulique, et façade-peinture.
« Nous suivons une approche par compétences, directement arrimée aux besoins du marché. L’objectif est que chaque diplômé puisse être opérationnel dès sa sortie », détaille un proche collaborateur de la ministre des Enseignements secondaires (Minesec), Pauline Nalova Lyonga. Pour certains élèves, l’ouverture du lycée est une chance inespérée. « Plus grand, je souhaite exercer le métier de géomètre-topographe, je suis sûre que cette formation me permettra d’y arriver », confie un élève de première promotion dans ce lycée.
Alors que le Cameroun ambitionne, via sa Stratégie nationale de développement 2020-2030 (SND30), de bâtir une économie compétitive et émergente, Nathanael Ombolo, chercheur de l’Institut de formation et de recherche en développement (Iford), pense que sans infrastructures de qualité, cet objectif risque de ne pas être atteint. « Former 180 élèves par an, c’est un pas important, mais insuffisant face au déficit estimé à plus de 10 000 techniciens BTP d’ici 2030 », ajoute ce chercheur.
Roger Tsafack, entrepreneur du secteur BTP nuance : « Encore faut-il que ces jeunes trouvent des emplois localement. Une grande partie des chantiers stratégiques est confiée à des firmes étrangères, qui n’embauchent pas toujours des Camerounais ». Autre limite : la centralisation « Ekounou ne peut pas tout. Dans le Nord, l’Est et l’Adamaoua, nous avons des besoins criants en infrastructures, mais aucun lycée spécialisé comparable », déplore Zachariaou Mamadou ressortissant de la région de l’Adamaoua.
Pour un responsable du Minesec, la solution passe par : « la qualité des enseignements, beaucoup de rigueur, des partenariats solides avec les entreprises du secteur, et l’introduction de nouvelles technologies telles que la modélisation 3D et l’intelligence artificielle. »
Mélanie Ambombo







