Hypertension artérielle : Plus de mille morts enregistrés au premier trimestre 2025 au Cameroun

Avec un taux de létalité de 8,3% bien au-delà du seuil critique fixé par l’Oms, les experts qui craignent une crise sanitaire préconisent une stratégie multidimensionnelle pour contenir cette maladie. 

Agé de 49 ans, Marie Jérôme B., a rendu l’âme à l’Hôpital de la Cité verte de Yaoundé des suites d’une hypertension artérielle au mois de février 2025, des suites d’une crise survenue lors d’un litige foncier.  Il fait partie des 1066 victimes de l’hypertension artérielle (HTA), sur 12 875 cas enregistrés, au cours du premier trimestre 2025.

Ces chiffres du Bulletin épidémiologique du Cameroun (Bec) du premier trimestre 2025, révèlent un taux de létalité de 8,3%, huit fois supérieur à la norme acceptable. D’après l’Organisation mondiale de la santé (Oms), le taux attendu dans les pays à système fonctionnel doit être inférieur à 1% tandis que le seuil critique est atteint lorsque le taux de létalité est supérieur à 5%.

En 2023, à la même période, ce taux de létalité était de 0,34% et le 11% pour toute l’année 2024 selon le ministère de la Santé publique. « A la lecture de ces chiffres et vue l’ampleur des victimes de l’HTA au premier trimestre 2025, il faut craindre une potentielle crise sanitaire. Les autorités sanitaires doivent à cet effet agir et le faire d’urgence », prévient Dr Line Mbezele, médecin généraliste.

En analysant ce rapport, il se dégage des disparités entre régions qui selon Dr Line Mbezele est liées aux habitudes de vie et à l’accès aux soins. Le Centre enregistre 89 morts, l’Adamaoua, 36, l’Est, 22, tandis que le Nord-Ouest bat tous les records avec 510 morts entre autres. « Dans les zones urbaines, paradoxalement où les populations ont accès aux meilleurs soins, le taux de mortalité s’avère élevé du fait du stress, de la sédentarité, et d’une alimentation riche en sel et en graisses », analyse le médecin généraliste Dr Paul Tassé.

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En 2024, le Minsanté, Manaouda Malachie, a affirmé qu’au Cameroun, un adulte sur quatre ignore qu’il est hypertendu pourtant, l’HTA fait partie des quatre principales maladies non-transmissibles, qui causent le plus grand nombre de décès prématurés et qui entraînent de nombreux cas d’invalidité. Il regrettait aussi que près de 80% de la population camerounaise évite les points de contrôle et donc, ignore complètement son statut. « Pourtant, en dehors de l’observation de nouvelles habitudes de consommation telles qu’une alimentation saine, la pratique du sport, le rejet du tabagisme et la diminution de la consommation d’alcool, il importe de surveiller régulièrement son niveau de tension artérielle pour mieux se gérer », ponctuait Manaouda Malachie.

Dans la lutte contre cette maladie qui tend à prendre des proportions, Dr Paul Tassé propose une stratégie multidimensionnelle. Celle-ci devra contenir des campagnes de dépistage précoce et de sensibilisations communautaires, la prise en charge effective et en urgence des crises hypertensives, améliorer l’accès aux médicaments essentiels et accroître la surveillance épidémiologique et la recherche.

Mélanie Ambombo

 

Mots – clés :

Santé

Hypertension artérielle

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