Le détournement des frais d’examen au Cameroun

Son inscription désormais obligatoire sur les bulletins de notes d’un élève des enseignements secondaires suffit à avoir toutes les informations concernant l’enrôlement ou non d’un candidat à un examen Identifiant unique aux examens. Bien que saluée, sa mise en pratique dans les zones rurales inquiète.

Laurent Magloire Nkama, proviseur du Lycée bilingue de Lolodorf, département de l’Océan dans la région du Sud a été relevé de ses fonctions le 15 juillet 2024 pour détournement des frais d’examens. Le même sort a été réservé à Luc Ndze, intendant au Lycée mixte d’Akonolinga pour les mêmes raisons. Et pourtant, pour mettre un terme à ce phénomène, la ministre des Enseignements secondaires, Nalova Lyonga a signé au cours de l’année scolaire 2018-2019 avec quatre sociétés opérant dans le paiement mobile, une convention en vue d’opérationnaliser le paiement des frais exigibles et des frais d’examens officiels par mobile.

« Cette méthode n’a visiblement rien arrangé car des chefs d’établissements se retrouvent encore suspendus pour les mêmes motifs. Ce qui veut dire qu’il faut durcir le ton et viser les procédures », suggère Anatole Afana, enseignant de français Identifiant unique aux examens.  Ainsi, pour définitivement tordre le coup à cette pratique, la Minesec a le 19 juillet 2024 à Yaoundé, présidé une concertation portant sur les modalités de mise en œuvre du projet de lutte contre la fraude dans l’enregistrement des candidatures aux examens officiels.

Cette lutte contre la distraction des frais d’examens va désormais reposer sur l’utilisation d’un numéro de matricule qui sera désormais attribuer à chaque élève du secondaire dès son admission dans un établissement public ou privé Identifiant unique aux examens. « Encore appelé identifiant unique, le matricule en question, censé accompagner l’élève jusqu’à l’obtention du Baccalauréat ou du GCE Ordinary level, se présente comme un moyen idoine de lutte contre les actes de fraude orchestrés par les élèves, les parents, les chefs d’établissement et même les opérateurs de collecte des frais d’examens », explique un proche collaborateur de la Minesec.

D’après le représentant du consultant chargé de l’élaboration de ce système, Ako Joëlle Does, la seule introduction du matricule national d’un élève suffit à avoir toutes les informations le concernant. C’est à travers cet identifiant que le parent, l’élève, le chef d’établissement et même la Minesec peuvent vérifier l’enrôlement ou non d’un candidat à un examen.

Le système sera désormais requis aux jeux Fenassco.  Son inscription sur les bulletins de notes sera obligatoire et va constituer une exigence incontournable pour l’assurance scolaire, le traitement des dossiers de subvention ainsi que leur l’octroi aux promoteurs d’écoles, en même temps qu’il sera une condition sine qua non en vue de l’enrôlement aux examens officiels organisés par la Minesec.

« L’idée en soit est bonne et c’est pratiquement possible de le faire car la technologie actuelle peut le permettre. Mais la question ne réside pas sur les capacités de la technologie actuelle, il est important de savoir si ladite politique va mettre en place des mécanismes de sauvegarde de ces données parce qu’un seul bug informatique suffit pour tout balayer. Si tout cela est centralisé et décentralisé, ça peut marcher », analyse Thibaut Aloys Ekani Mebenga, spécialiste du développement informatique. Même si ce spécialiste en développement informatique salue l’idée d’un identifiant unique, il interroge sa faisabilité dans les localités, surtout en milieu rural, qui connaissent un déficit en énergie électrique Identifiant unique aux examens.  Il explique aussi que « ce mécanisme pourra permettre de prévenir la fraude aux examens, car on pourra par exemple savoir à quel moment un candidat est arrivé en salle »  

Mélanie Ambombo