Importations transfrontalières : Plus de 2 milliards de F Cfa échappent au Cameroun en 2024

De nombreuses marchandises franchissent les frontières du pays sans être déclarées, mettant en lumière une porosité des frontières, la faiblesse des contrôles et les écarts de prix entre pays.

Les importations non enregistrées ont atteint 265,7 milliards de F Cfa en 2024, soit une hausse de 5,6% par rapport à 202, d’après la publication annuelle de l’Institut national de la statistique (Ins). Près de 95% des produits proviennent des six pays limitrophes, et près de 70 % transitent par l’Extrême-Nord (49,4 %) et le Nord (20,8 %).

Le Nigeria domine ce marché informel avec les carburants et lubrifiants (22,1 % des flux), les chaussures (+170,8 %) et les carreaux en céramique (+148,9 %). Le Tchad suit avec 27 % des importations non enregistrées, principalement du bétail et des tourteaux destinés pour l’alimentation des animaux.

A cela s’ajoutent des flux moins visibles mais tout aussi réels : boissons industrielles de la Guinée équatoriale, farine de Centrafrique, charbon de bois du Congo et poisson fumé du Gabon. Des échanges informels qui reposent sur la porosité des frontières, les écarts de prix et une logique d’économie de survie pour les commerçants et les communautés frontalières. « Ce sont les commerçants et revendeurs frontaliers qui achètent à moindre coût dans les pays voisins avant de revendre sur les marchés locaux. Et c’est la population camerounaise qui consomme ces produits, bien qu’ils n’apparaissent pas dans les registres nationaux », explique l’économiste, Dr Paul Ongolo.

Mais cette économie parallèle a un coût : elle favorise des produits à bas prix au détriment de la qualité et cela se fait au détriment de la qualité et de la sécurité sanitaire, relève l’économiste qui estime à plus de 40 milliards F Cfa, les pertes fiscales enregistrées par le Cameroun à travers ce trafic illicite.

 En comparaison, les importations officielles se sont élevées à environ 5 000 milliards F Cfa en 2024. Si l’on y ajoute les 3,3 % d’importations « fantômes », la lecture de la balance commerciale change. En conclusion, le pays importe donc plus qu’il ne déclare, ce qui creuse davantage le déficit commercial et entretient une concurrence déloyale pour les acteurs formels.

 

Pourtant ce commerce n’est pas nouveau, en 2013, certaines études estimaient que le commerce informel pouvait représenter jusqu’à 96 % du commerce officiel dans certaines zones frontalières. Plus de dix ans après, les causes restent les mêmes : porosité des frontières, faiblesse des contrôles et écarts persistants de prix entre pays.

Au-delà des chiffres, cette économie parallèle interroge : comment un pays peut-il maîtriser sa politique commerciale quand une part de ses importations lui échappe ? La réponse, selon le Dr Paul Ongolo, passe par une meilleure coopération frontalière et une traçabilité des échanges.

Mélanie Ambombo

Mots – clés :

Importation

Commerce illicite

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