Inflation alimentaire : la riposte de l’Etat qui tarde à prendre

« Vie chère » (5/5) Entre politique d’import-substitution, modernisation des laboratoires, formation des producteurs, régulations des prix et multiplication des projets et programmes, le gouvernement peine à nourrir les Camerounais.

Elang, petit village de plus de 1000 âmes (à Sa’a, département de la Lekié), illustre les défis alimentaires en zone rurale. Composé essentiellement de planteurs, cette population peine à se nourrir. C’est le cas de Papa Zacharie.  Ce 13 juin 2025, pour pourvoir s’approvisionner, ce chef de famille a reçu 25 kilogrammes de macabo expédiés depuis Yaoundé par l’une de ses filles. « Certains produits tels que les tubercules sont introuvables. Mes enfants me les envoient depuis Yaoundé », indique-t-il.

Même son de cloche dans plusieurs localités de la région du Centre où les producteurs n’ont plus accès à leur propre production. Dans les grandes métropoles où certaines de ces récoltes sont acheminées, elles sont vendues à prix d’or.

En décembre 2024, Gabriel Mbairobe, ministre de l’Agriculture et du Développement rural (Minader), citant les résultats du Cadre harmonisé d’identification des zones à risque, a relevé que plus de trois millions de personnes, soit près de 11% de la population, sont confrontées à une insécurité alimentaire et nutritionnelle depuis octobre 2024, dont 265 000 personnes en situation d’urgence critique. En cause, une faible disponibilité et une accessibilité réduite des stocks de produits de première nécessité ainsi que bétail, le lait et la viande selon la Banque mondiale.

Insécurité alimentaire

Comme exemple frappant, Dr Célestin Tchacounte Lengue, expert en Finance et Stratégie, relève que l’offre locale du riz ne couvre que 141.000 tonnes, contre une demande évaluée à 648.000 tonnes. En conséquence, le Cameroun a dépensé 319 milliards de F Cfa pour importer du riz en 2024, soit une augmentation de 60% par rapport à l’année précédente.

Face à cette situation croissante, le gouvernement à travers son ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, a instruit en février 2025 à ses proches collaborateurs de « tout mettre en œuvre pour que le taux d’inflation revienne à 3% et que les Camerounais n’aient plus faim »

Pour anticiper cette crise, le gouvernement a en 2021, adopté une politique d’import-substitution qui vise à valoriser la production locale dans divers domaines. Dans ce cadre, plusieurs programmes ont été lancés dont le Plan intégré d’import-substitution agropastoral et halieutique (Piisah) pour le triennat 2024-2026 est conçu. Avec un budget de plus de 1000 milliards F Cfa, cet outil veut accompagner les acteurs du secteur privé dans la mise en œuvre de l’import-substitution.

Le premier axe du plan prévoit la sécurisation d’un peu plus d’un million d’hectares de terres pour la culture du riz, du maïs, du soja, du blé entre autres. Il inclut des projets tels l’aménagement de la Plaine centrale, l’aménagement des périmètres hydroagricoles (23 mille hectares à Karam, Zina, Makari, Logone Birni …) et fourragers (28 287 ha dans l’Adamaoua). Les initiatives Viva-Bénoué (11 000 ha), Viva-Logone (12 155 ha) et à l’Undva (3500 ha) viennent compléter ces aménagements.


Comme exemple frappant, Dr Célestin Tchacounte Lengue, expert en Finance et Stratégie, relève que l’offre locale du riz ne couvre que 141.000 tonnes, contre une demande évaluée à 648.000 tonnes. En conséquence, le Cameroun a dépensé 319 milliards de F Cfa pour importer du riz en 2024, soit une augmentation de 60% par rapport à l’année précédente.
Face à cette situation croissante, le gouvernement à travers son ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, a instruit en février 2025 à ses proches collaborateurs de « tout mettre en œuvre pour que le taux d’inflation revienne à 3% et que les Camerounais n’aient plus faim »
Pour anticiper cette crise, le gouvernement a en 2021, adopté une politique d’import-substitution qui vise à valoriser la production locale dans divers domaines. Dans ce cadre, plusieurs programmes ont été lancés dont le Plan intégré d’import-substitution agropastoral et halieutique (Piisah) pour le triennat 2024-2026 est conçu. Avec un budget de plus de 1000 milliards F Cfa, cet outil veut accompagner les acteurs du secteur privé dans la mise en œuvre de l’import-substitution.
Le premier axe du plan prévoit la sécurisation d’un peu plus d’un million d’hectares de terres pour la culture du riz, du maïs, du soja, du blé entre autres. Il inclut des projets tels l’aménagement de la Plaine centrale, l’aménagement des périmètres hydroagricoles (23 mille hectares à Karam, Zina, Makari, Logone Birni …) et fourragers (28 287 ha dans l’Adamaoua). Les initiatives Viva-Bénoué (11 000 ha), Viva-Logone (12 155 ha) et à l’Undva (3500 ha) viennent compléter ces aménagements.


L’axe deux ambitionne d’amélioration la production du riz à 464,5 milliers de tonnes ( -70% d’importations). En parallèle, la production du maïs devrait passer de 2,7 millions tonnes à 4,3 millions de tonnes en trois ans. Le plan prévoit aussi la production de 303,6 milliers de tonnes. Pour le mil et sorgho, 1 195,6 milliers de tonnes sont attendues en 2026 contre 1 010,9 milliers de tonnes en 2022.

Le dernier axe vis la mise à niveau des laboratoires de l’Irad pour le développement des semences à haut rendement, la formation de plus de 1500 opérateurs, l’accompagnement des producteurs locaux dans la labélisation de soixante (60) produits « Made in Cameroon » et la facilitation de l’accès au crédit des acteurs du secteur privé.

Insuffisance

Par ailleurs, il y a eu entre autres, la mise en œuvre des programmes de régulations des prix à travers les ventes promotionnelles. Le Minader a annoncé la subvention depuis 2025 de plus de 80 000 tonnes d’engrais à hauteur de 30 %, pour un coût de 13,9 milliards F Cfa. Des semences certifiées sont aussi distribuées via le Programme d’appui à la relance agricole, à hauteur de 7 milliards F Cfa.

Malgré ces initiatives, les résultats tardent à suivre. Selon l’ingénieur agronome Mohamed Foupouopouagnigni, les politiques publiques sont inadéquates.  Alors que des experts appellent à une vision à long terme, fondée sur l’agroécologie, les infrastructures, le stockage et un meilleur accès au marché, Mohamed Foupouopouagnigni plaide pour un soutien accru à la production locale, une amélioration des infrastructures routières, une politique agricole cohérente et une promotion renforcée de la consommation des produits locaux.

Mélanie Ambombo

 

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