Au premier trimestre 2025, ces prix ont progressé de 0,8% par rapport au quatrième trimestre 2024, selon l’Institut national de la statistique. Une hausse, tirée principalement par l’industrie manufacturière.

Alfred Kameni, un conducteur de motaxi peine à entamer la construction de sa maison. Avec son budget initial, il est difficile pour ce jeune conducteur de boucler l’achat du matériel de construction. « En début d’année 2025, il était prévu que je lance la construction de ma maison sur une parcelle de terre acquise depuis cinq ans. Mais, la hausse des prix du matériel de construction a vite fait de m’en dissuader. Sur le marché, le devis de mon maçon a augmenté de près de 40% surtout à cause du prix du fer à béton et des tôles », déplore Alfred Kameni rencontré à Yaoundé.

En effet, par rapport à 2024, plusieurs matériels de construction ont subi une hausse considérable depuis début 2025. Un constat relevé par l’Institut national de la statistique (Ins) dans sa Note d’analyse trimestrielle, publiée le 12 août 2025, qui indique que l’indice des prix à la production industrielle a progressé de 0,8% au premier trimestre 2025 par rapport au quatrième trimestre 2024. Une hausse, tirée principalement par l’industrie manufacturière (+1,6%) et plus particulièrement dans l’agroalimentaire (+4,0 %) et les industries métallurgiques (+5,3 %).

En glissement annuel, l’ensemble de la production industrielle affiche une hausse de 6,3%. Dans le détail, l’industrie manufacturière connait une hausse annuelle de 5 ,5%, portée par l’agroalimentaire (+ 8,6%) et la métallurgie (+5,5%). Malgré une légère baisse de 1,5% par rapport au trimestre précédent, les industries extractives, notamment l’extraction des hydrocarbures, affichent une hausse substantielle de 10,5%.

A en croire l’économiste Dr Jean Manga Mebenga, « la flambée des prix dans l’industrie métallurgique est multifactorielle, du fait d’abord du coût de l’énergie électrique, très utilisée dans la transformation de ces métaux qui connait une augmentation constante ces derniers mois. Il faut aussi ajouter, l’importation d’une grande partie d’intrants métalliques et dont la dépréciation du Franc Cfa face au dollar. Enfin, la hausse des coûts de transport et de logistique qui affectent directement les industries locales ».

Dans la logique, Dr Raphael Ange, un autre économiste explique que l’Ippi connait une légère progression depuis 2022 à raison d’une pression inflationniste persistante. Une Situation, dit-il, due à la hausse des coûts de l’énergie, à l’assujettissement aux importations et à la volatilité des matières premières. Pour y remédier, cet économiste suggère entre autres, de renforcer la production d’intrants industriels, d’améliorer l’offre énergétique et de stabiliser la logistique.

Même si certaines branches ont connu des baisses de prix, notamment l’industrie chimique, pharmaceutique et plastique (-2,8 %), la fabrication de papier et imprimerie (-3%) et l’industrie extractive (-1,5%), l’effet global, reste orienté vers la hausse. Selon l’Ins, cette pression inflationniste croissante au niveau de la production, a pour conséquence possible, le renchérissement des prix à la production, qui a une répercussion sur les prix payés par les consommateurs finaux.

Mélanie Ambombo