Inondations : Plus de 100 sites à risque répertoriés dans le Nord
Plus de 100 sites à risque d’inondations répertoriés dans le Nord
Les populations, à la recherche des sites d’habitations et de culture ne cessent d’occuper ces zones malgré le danger qu’elles présentent .
Ce lundi 14 octobre 2024, Aïssatou Yasmine a passé une dure journée. La forte pluie qui s’est abattue en matinée dans la ville de Garoua, chef-lieu de la région du Nord, a causé des dégâts énormes dans sa maison. « L’eau est entrée dans ma chambre jusqu’à mouiller mon tapis. Heureusement, je n’étais pas encore sorti, sinon mon matelas allait être trempé », confie la jeune dame, habitante du quartier Kanadi, au lieudit Djaouro Baba. Cette situation n’a pas épargné ses voisins . « L’eau provient de la petite montagne située en amont. On a construit la route sans prévoir une canalisation. Quand il pleut, les eaux sortent de partout et nous envahissent », témoigne Amadou.
Les quartiers Sabongari, Souari Dépôt et toute la bande limitrophe des abords du fleuve Bénoué sont des sites exposés aux inondations répétitives dans la ville de Garoua. En effet, plusieurs autres sites inondables sont éparpillés, non seulement dans la ville, mais un peu partout dans la région du Nord. Entre destruction des champs, destruction des lieux d’habitation et pertes en vies humaines, les conséquences des inondations sont nombreuses.
Le tableau présentant l’état des lieux des risques d’inondation en 2020 dans la région indique que plus de 114 sites à risque d’inondation ont été répertoriés dans les quatre départements que compte le Nord. Des 21 arrondissements, Bibemi, dans la Bénoué et Rey-Bouba, dans le Mayo-Rey sont les localités où les sites présentant un risque d’inondation couvrent tout l’étendue du territoire.
Ces informations non actualisées ont été obtenues à la délégation régionale de l’Environnement, de la Protection de la nature et du Développement durable (Minepded) du Nord. « On se base sur les faits. De manière empirique, les anciennes zones inondables sont connues par la population. Il y a des zones où les inondations sont causées par des drains bouchés et le manque de canalisation. », précise Pierre Brice Sokane Nkongho, chef de service de la conservation, de la promotion et du monitoring à la délégation régionale du Minepded du Nord. D’après le Dr Djoumessi Dzeufack, hydrologue, la plupart des inondations sur les berges de la Bénoué sont causées par les lâchés des eaux du barrage hydroélectrique de Lagdo.
Pour la saison 2024, le risque d’inondation continue de planer sur la région. Les prévisions et alertes climatiques décadaires de l’observatoire nationale sur les changements climatiques (Onacc), du 11 au 20 octobre 2024, annoncent des précipitations comprises entre 30 et 90 mm dans plusieurs localités de la région du Nord.
Cependant, les moyens de préventions des inondations sont presqu’inexistantes. Chaque année, le Minepded du Nord procède à la sensibilisation de la population sur l’occupation des sites à risque d’inondation par des champs ou des maisons d’habitation. « Les zones inondables sont en majorité les lits du cours d’eau. À travers des descentes de sensibilisation, on présente aux populations les sites inondables et les risques d’inondation », souligne Pierre Brice Sokane Nkongho . Pour une prévention efficace, plusieurs actions sont nécessaires. « Il faut la cartographie des zones inondables, la réhabilitation ou l’installation des outils hydrométriques qui permettent de mesurer la pluviométrie et la mise en place d’un système d’alerte intelligent qui signalent », recommande Dr Djoumessi Dzeufack.
Daniel Memonko Sadou.
