Justice : Les « avocats du RDPC » désapprouvent le Barreau
TPI BONANJO

Justice : Les « avocats du RDPC » désapprouvent le Barreau

Justice avocats Barreau RDPCDepuis le 30 novembre 2020, les avocats au barreau du Cameroun respectent la décision du Conseil de l’Ordre de suspendre le port de la robe. Un mouvement boycotté par un groupe de 10 avocats qui n’approuvent pas dans un communiqué la démarche de leur corporation.  Justice avocats Barreau RDPC

Il est plus de 8 heures ce lundi 30 novembre 2020. L’allée qui mène au Tribunal de Première Instance (Tpi) de Douala-Bonanjo est quasi vide. Quelques commerçants exposent leurs marchandises.  Mais, aucun avocat en toge ne fait des tours comme c’est souvent le cas.

Le scénario est le même à l’enceinte du Tribunal. Aucun avocat n’est en robe noire. Dans la salle principale, une audience est en cours. Le juge préside la 2e affaire de la journée. La séance dédiée à l’ouverture de débat s’est faite sans la présence des avocats. Le président du jury, le procureur de la République et la greffière sont les seuls à arborer les robes. La salle des avocats située dans le bâtiment principal dudit tribunal est fermée. « C’est vrai qu’à pareille heure c’est souvent ouvert, mais ils seront là », croit savoir Samuel N, un commerçant exerçant à l’enceinte du tribunal.Justice avocats Barreau RDPC

Justice avocats Barreau RDPC les avocats au barreau du Cameroun respectent la décision du Conseil de l’Ordre

Dans la salle annexe, aucune audience n’est en vue. Un avocat, sans toge lis attentivement les informations collées au babillard. « Je respecte le mot du barreau. Je n’ai même pas le droit d’être là, j’y suis pour une affaire personnelle », confie-t-il sous anonymat.

Au Tribunal de Grande Instance (Tgi) de Douala Bonanjo, aucune audience n’est en vue. L’ambiance est quasiment la même qu’au Tpi. Personne n’arbore la robe noire, et les dernières audiences datent du 27 novembre 2020. Aucune information sur les affaires du jour n’est perceptible au babillard.Justice avocats Barreau RDPC

Me Pierre Tchagou, avocat au barreau du Cameroun, est assis dans la salle d’audience. Vêtu d’un ensemble en tissu pagne, cache nez au visage, il est venu consulter ses dossiers. « J’ai rendez-vous au palais de justice pour suivre les dossiers des personnes en difficultés à la police judicaire où ils sont inquiétés et gardés », souligne-t-il. D’un air plutôt serein, l’avocat révèle que les clients peuvent ne pas avoir recours à lui, parce que n’étant pas en toge à l’enceinte du tribunal.

Les affaires renvoyées

Suite à la suspension du port de la robe, plusieurs affaires ont été renvoyées.  Le cas de celle qui accuse Michel Lowolong de destruction de bien. « Les deux parties devaient être entendues aujourd’hui. Compte tenu de l’absence des avocats, l’audience a été renvoyée au 21 décembre 2020 », explique-t-il. Absent en cette première audience d’entente des parties, l’accusé devra faire le compte rendu de la journée à son avocat, qui d’après lui, ne l’a pas informé de son absence. Rendu à la 3e audience de cette affaire portée devant le Tpi de Ndokoti, Michel Lowolong devra encore attendre.

Des avocats mécontents

Dans un communiqué qui date du 26 novembre 2020, dont Datacameroon a eu copie, certains avocats, baptisés les « avocats du Rdpc », estiment que l’article 3 de la décision du Conseil est une discrimination inacceptable. Cet article rapporté dans ledit communiqué, stipule que le Conseil « Suspend jusqu’à nouvel avis pour tous les avocats, toute intervention, devant les juridictions statuant en matière criminelle, à tous les degrés de juridiction y compris la cour suprême et le Tribunal criminel spécial, et les juridictions statuant en matière de contentieux électoral y compris le conseil constitutionnel. »Justice avocats Barreau RDPC

Justice avocats Barreau RDPC Un mouvement boycotté par un groupe de 10 avocats

Selon l’un des signataires du communiqué, l’article remise en question est inéquitable. « On dit que ce n’est que certaines juridictions qui doivent être boycottées au rang desquels le Tribunal Criminel spécial (Tcs), la Cours suprême, et celles qui traitent du contentieux électoral. Ce n’est pas équitable. On dit jusqu’à nouvel avis, jusqu’à nouvel avis c’est quand ? » s’interroge l’un des avocats, sous anonymat. Et d’ajouter : « Je ne porte pas la robe, je respecte cette décision. Mais j’ignore si certains confrères l’ont fait. » Toutefois, un avocat aspirant rencontré au Tpi de Douala-Bonanjo le mercredi 2 décembre 2020, soit le 3e jour de grève, avoue avoir rencontré 2 avocats en robe au Tgi de Douala-Bonanjo. « Mais au Tpi et à la Cours d’appel, je n’ai vu personne », a-t-il conclut.

Justice avocats Barreau RDPCEn effet, le conseil de l’Ordre des avocats du Cameroun a décidé le 13 novembre 2020 de suspendre sur toute l’étendue du territoire national le port de la robe du 30 novembre au 4 décembre 2020 pour tous les avocats.  Cette résolution n°008/2020 sur la persécution des avocats au barreau du Cameroun, résulte des brutalités policières perpétrées le 10 novembre 2020 sur des avocats dans la salle d’audience du Tribunal de Première Instance de Bonanjo à Douala.Justice avocats Barreau RDPC

Michèle EBONGUE

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