Livre : immersion dans la désinformation en Afrique francophone
Dans son essai, intitulé « Désinformation en Afrique francophone », dédicacé le 25 avril 2025 à Yaoundé, Paul Joël Kamtchang, plonge les lecteurs dans les rouages de ce phénomène en pleine expansion qui fragilise la société africaine.
Le 7 janvier 2025, une image du ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation (Minatd), Paul Atanga Nji posant aux côtés de l’évêque de Yagoua, Barthélémy Yaouda Hourgo, le gouverneur de la région de l’Extrême-Nord, Midjiwa Bakari et une autre autorité administrative fait le tour de la Toile. D’après la légende qui l’accompagne, le Minatd est allé rendre une « visite de courtoisie » à ce prélat qui, une semaine avant, c’était illustré dans une critique acerbe du régime en place.
Après vérification, cette information est hors contexte, car la photo a été prise à l’évêché de Yagoua le 19 octobre 2024. Des faits comme ceux-là, relevant de la désinformation, pullulent sur la Toile au Cameroun, faisant dire à Paul Joël Kamtchang, que depuis novembre la côte d’alerte de la désinformation et des discours de haine est pratiquement au rouge.
C’est fort de ce constat que Paul Joël Kamtchang dans son essai intitulé « Désinformation en Afrique francophone », paru aux éditions Jets d’encre, explore l’univers du numérique où rumeurs et propagande nourrissent les clivages sociaux. En 126 pages, l’auteur du livre dédicacé le 25 avril 2025 à Yaoundé, plonge ses lecteurs au cœur d’un phénomène en pleine expansion à l’ère du numérique.
S’appuyant sur des recherches récentes et de nombreux exemples concrets, le data journaliste et data activiste analyse en profondeur les mécanismes de la désinformation et identifie les acteurs qui l’alimentent. « Les gens ne font pas assez attention aux questions de désinformation qui pourtant se vivent au quotidien. Même dans les familles, la désinformation fait rage divisant les membres et séparant parfois les couples. Il s’agit de parler du sujet et sensibiliser afin que les gens prennent conscience du phénomène qui reste à éviter », explique cet auteur.
Au-delà du constat, Paul Joël Kamtchang, par ailleurs secrétaire exécutif d’Adisi Cameroun, propose des stratégies pour renforcer la résilience des sociétés africaines face aux manipulations de l’information. Il énumère entre autres : éduquer le public aux techniques de désinformation, promouvoir l’esprit critique et encourager la vérification systématique des producteurs et des consommateurs de l’information.
« Même si les médias traditionnels restent généralement des sources d’information crédibles, certains peuvent être exploitées pour diffuser de la désinformation, que ce soit par manque de vérification ou en raison de pressions politiques et économiques », peut-on lire dans cet ouvrage. Selon Paul Joël Kamtchang, la désinformation peut prendre de multiples formes et se propager à travers une multitude de canaux. La sensibilisation du public à ces tactiques, la promotion de la pensée critique et de la vérification des faits sont essentielles pour lutter contre la désinformation en Afrique Centrale.
Mélanie Ambombo







