Lutte contre le vih : Au Cameroun, la chute des financements externes inquiète

Lutte contre le vih : Au Cameroun, la chute des financements externes inquiète
Même si le pays enregistre une diminution des nouvelles infections depuis 2022, le ministre de la Santé publique avoue que les fonds alloués par les partenaires internationaux pour la lutte contre cette maladie ont baissé . Des médecins redoutent une augmentation du nombre de décès.
Le Cameroun enregistre une diminution de plus de 26 % des nouvelles infections au Vih depuis 2018 à cela s’ajoute une baisse de 16 % des décès liés au sida comparée à 2022, se félicite le ministre de la Santé publique (Minsanté) et par ailleurs président du Comité national de lutte contre le sida, (Cnls), Manaouda Malachie.
Des performances que le Minsanté impute à l’introduction d’un algorithme de dépistage à trois tests tel que recommandé par l’Oms, et la mise en œuvre de la stratégie « Surge pédiatrique », qui cible activement les enfants vivant avec le vih.
Malgré ces avancées, des défis demeurent dans l’atteinte de l’objectif d’éliminer le vih/sida comme menace de santé publique d’ici 2030. Il s’agit notamment de la baisse des financements internationaux dans la lutte contre cette maladie et le manque d’un engagement communautaire, particulièrement celui des jeunes, souvent en première ligne face aux risques de nouvelles infections.
S’agissant de la baisse des financements, l’analyse de l’efficience inter programmatique (CPEA) et l’évaluation de la matrice des progrès en matière de financement de la santé (Health Financing Progress), menées dès juillet 2023 conjointement au Cameroun par l’Organisation mondiale de la santé (Oms) et le Minsanté a révélé qu’il existe une faible capacité de financement des programmes de santé (3%) au Cameroun. Et sur les 19 programmes de santé existants, 17 dépendent exclusivement d’un financement externe. Programmes portant prioritairement sur le Vih, la tuberculose, la vaccination et le paludisme.
D’après le Fonds mondial, les financements alloués à la lutte contre le Vih sont utilisés dans le traitement et la prise des patients et la prévention de la maladie. « Une insuffisance de ces financements met en danger la vie de nombreuses personnes ayant besoin de médicaments vitaux dans la lutte contre cette maladie », prévient le médecin généraliste, Etienne Fotso. Et en ce qui concerne les patients déjà sous traitement, ce professionnel de la santé affirme qu’il y a un risque d’interruption dans la prise des antirétroviraux chose qui risque d’entraîner une interruption du traitement avec un développement des résistances. « S’il y a un manque de financements, c’est clair que les morts vont se multiplier en freinant la lutte contre cette maladie », prédit Dr Etienne Fosto.
Pour éviter toute rechute dans la lutte contre cette maladie, Dr Paul Tassé, médecin généraliste recommande à l’Etat de respecter l’engagement pris à la déclaration d’Abuja de 2001 en augmentant le financement domestique de la santé,
Selon le Minsanté, en 2022, le Cameroun a enregistré 29 168 enfants de moins de 15 ans contaminés, 16 719 adolescents de 15 à 19 ans et 47 796 jeunes de 19 à 24 ans. Une vulnérabilité des jeunes qui peut être réduite selon Alain Beloeken, un pair éducateur, par « l’amélioration de l’accès à l’éducation sexuelle, car ses enfants ne sont pas sensibilisés sur le sujet. En plus ils viennent de découvrir leur sexualité. Alors ils veulent en profiter, mais derrière, ils ne prennent aucune précaution en pratiquant l’acte sexuel avec tout le monde ».
Mélanie Ambombo







