Maladie rénale : « aucun système de l’organisme n’est épargné »
Le Pr. Halle Marie Patrice, le chef de service Néphrologie-Hémodialyse de l’hôpital Général de Douala, revient sur les avancées enregistrées dans la prise en charge des maladies rénales au Cameroun.
Qu’est-ce qu’une maladie rénale ?
Les maladies rénales regroupent toutes les affections qui touchent les reins, ces organes en forme de haricot chargés de filtrer le sang par la production d’urine. On distingue aujourd’hui sur le plan évolutif deux types de maladies rénales : l’atteinte rénales aiguës et les maladies rénales chroniques. Ces dernières sont les plus fréquentes et représentent un problème de santé publique mondial ; elles touchent environ 1 adulte sur 10, et on estime à 850 millions le nombre d’adultes concernés dans le monde.
Quelles sont les causes ou les facteurs de risques des problèmes rénaux chroniques ?
Les problèmes rénaux peuvent être causés par plusieurs facteurs. Les principaux facteurs de risque sont : le diabète, l’hypertension artérielle, les infections (virales, bactériennes, parasitaires) l’obésité, les maladies génétiques comme la polykystose rénale. D’autres causes incluent les cancers (utérus, prostate…) et les substances néphrotoxiques, notamment les potions traditionnelles, les antiinflammatoires au long cours ect…
Comment évolue la maladie rénale chronique ?
Elle évolue silencieusement et de manière insidieuse. Les symptômes apparaissent souvent à un stade avancé, d’où l’importance de la prévention et du dépistage précoce.
Quels sont les signes de manifestations de la maladie rénale chronique ?
Nous avons d’abord les signes précoces comme l’hypertension artérielle, l’apparition des œdèmes qui touche le visage, les anomalies urinaires (urines mousseuse, rouges…). Au stade avance les symptômes sont multiples : la fatigue (due à l’anémie), une perte d’appétit, et les nausées, surtout matinales et un dégout pour la viande rouge. Les difficultés respiratoires, la somnolence en journée et l’insomnie, et si rien n’est fait, cela peut aller jusqu’à la confusion mentale, la convulsion et même le coma. Globalement aucun système de l’organisme n’est épargné parce qu’il s’agit de l’intoxication généralisée de l’organisme par les déchets urémiques du a la défaillance rénale.
Quelle est la situation de la prise en charge au Cameroun ?
Le traitement de cette maladie a considérablement évolué au Cameroun et il repose sur deux volets. La néphrologie clinique et le traitement de suppléance rénale. Pendant longtemps, l’hémodialyse, principale méthode de suppléance rénale, était concentrée dans les deux grandes métropoles, Douala et Yaoundé. Depuis 2008, grâce au « Grand Projet du Chef de l’État », ces soins ont été décentralisés. Aujourd’hui, toutes les régions du Cameroun disposent d’au moins un centre d’hémodialyse et la séance de dialyse est hautement subventionné par l’état depuis 2002 et a connu une révolution avec l’implémentation de la 1ère phase de la CSU en 2023. Notamment de 520 000 F Cfa en 2002 à 15 000 F Cfa annuellement en 2023. De plus, la transplantation rénale qui reste le traitement curatif de la défaillance rénale chronique, est pratiquée à l’Hôpital Général de Yaoundé, avec près d’une quinzaine de patients déjà transplantés. Par ailleurs en 2 décennies, le nombre de néphrologues a nettement augmenté (5 à plus de 30), grâce à l’ouverture du cycle de spécialisation a la Faculté de médecine et sciences biomédicales de l’université de Yaoundé I.
Comment entretenir ses reins ?
Eviter les comportements à risque et adopter une bonne hygiène de vie en optant pour une alimentation équilibrée (moins gras, moins salé, moins sucré), arrêter l’alcool et le tabac, boire suffisamment d’eau (8 à 10 verres par jour), faire de l’exercice physique régulièrement, éviter l’automédication et respecter les prescriptions médicales. Se faire dépister si on est à risque et consulter un néphrologue
Peut-on guérir de la maladie rénale ?
L’atteinte rénale aiguë est de bon pronostic car peut être guérie si elle est dépistée et traitée à temps. La forme chronique est irréversible. Lorsque vous êtes au stade terminal le traitement de suppléance rénale (la dialyse ou la transplantation rénale) est indiqué permet de maintenir le patient en vie. Le traitement curatif est la transplantation rénale, c’est-à-dire on remplace votre rein par celui d’un donneur vivant ou décédé mais seulement le patient doit prendre des médicaments immuno- suppresseurs pour empêcher le rejet de rein transplanté.
Combien de malades en dialyse sont enregistrés à l’hôpital Général de Douala ?
Environ 280 patients sont actuellement en hémodialyse chronique à l’hôpital Général de Douala, qui est sur le plan historique le premier centre de dialyse au Cameroun (1990) et avec la plus grande capacite.
Interview réalisée par Hyacinthe TEINTANGUE (stagiaire)







