Maladies rénales : les patients sollicitent une subvention de l’État

Au Cameroun, bien que cette maladie soit intégrée dans la couverture santé universelle afin d’alléger les charges financières, les patients sollicitent en plus, une subvention de l’État pour la prise en charge des coûts accessoires.

« Je suis à 80 % dépendante », confesse Larissa (nom d’emprunt), une patiente hémodialysée, âgée d’une vingtaine d’années qui lutte contre la maladie rénale depuis 3 ans. Ce jeudi 13 mars 2025, elle s’est rendue à l’hôpital Général de Douala pour sa deuxième séance hebdomadaire d’hémodialyse, visiblement fatiguée, mais résiliente. « Avec cette maladie, j’ai beaucoup de difficultés à me déplacer à cause de la douleur généralisée dans mon corps. Faire mes activités personnelles n’est pas possible. Acheter mes médicaments ou subvenir à mes besoins est compliqué. C’est vraiment difficile », se lamente Larissa.

Une situation commune aux autres patients rencontrés dans cette unité d’hémodialyse, qui sollicitent un soutien de l’Etat pour les charges accessoires. « Il est important que l’État prenne en compte les problèmes liés aux transfusions sanguines  pour les patients en dialyse, qui ont souvent besoin de sang. Pour chaque transfusion, il faut deux donneurs et on doit payer 16 000 F Cfa à la caisse. C’est énorme. Un soutien à chaque séance pour compenser les pertes serait bénéfique », confie Hortense, une mère d’enfants qui souffre de cette maladie depuis bientôt 19 ans.

Malgré les plaintes des patients, le Pr Halle Marie Patrice, le chef de service Néphrologie-Hémodialyse de l’hôpital Générale de Douala,  relève que la prise en charge financière des séances de dialyse a considérablement évolué. Notamment de 520 000 F Cfa en 2002 à 15 000 F Cfa annuellement en 2023. Ceci, grâce à l’engagement du gouvernement et à l’introduction de la Couverture santé universelle au Cameroun en 2023. Selon ce médecin, « Bien que des accessoires de charge doivent être pris en charge par le patient, l’accès aux séances de dialyse s’est ainsi amélioré de manière significative. »

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Avec la décentralisation des soins au Cameroun en 2008, souligne  le Pr Halle Marie Patrice, presque toutes les régions disposent désormais d’au moins un centre d’hémodialyse. De plus, la transplantation rénale qui est le traitement curatif majeur, a débuté à l’Hôpital Général de Yaoundé, avec une dizaine de patients déjà transplantés. En vingt ans, le nombre de néphrologues est passé de 5 à plus de 30, grâce à la spécialisation locale ouverte depuis 2012. Ces avancées marquent un progrès significatif dans la prise en charge des maladies rénales au Cameroun.

Ces avancées ont été présentées au public lors de la célébration de la 20e journée mondiale du rein. A l’occasion, l’hôpital Général de Douala qui compte près de 280 malades de dialyse, a organisé une caravane et des journées portes ouvertes dans le but de sensibiliser la population sur l’importance du dépistage précoce des maladies rénales et les facteurs à risque chez les jeunes afin de protéger la santé rénale.

Selon les données officielles, près de 13% de la population adulte au Cameroun souffrait de maladie rénale chronique en 2023. Environ 1000 personnes sont permanemment sous dialyse dont près de 10% d’enfants. Selon les estimations de l’OMS, les maladies rénales touchent 850 millions d’adultes dans le monde.

Hyacinthe TEINTANGUE (stagiaire)

 

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