Mayo-Sava : Explosion des accouchements communautaires en 2024

Ces naissances sont passées de 573 en 2023 à 1266 en 2024 dans ce département de la région de l’Extrême-Nord, selon Médecins sans frontières dans son rapport annuel. Une situation que cette association médicale impute au manque de moyens de transport et à l’insécurité grandissante dans la zone.

Dans la région de l’Extrême-Nord, particulièrement dans les villages reculés, les accouchements demeurent des actes purement communautaires.  Dans ces zones, les femmes continuent de donner naissance à domicile sous l’assistance des accoucheuses traditionnelles. Mariamou, est une mère de sept enfants, arrivée à Yaoundé il y a 13 mois. Elle est enceinte de son sixième fils. Selon cette mère, ses cinq précédents enfants sont nés en communauté à Kolofata. Entourée des femmes du quartier, elle a donné la vie surplace sans être assistée d’un personnel de santé. Une manière qui leur est propre.

Seulement dans les quatre localités de Kourgui, Kolofata, Amchidé et Limani, dans le département du Mayo-Sava, Médecins sans frontières (Msf) rapporte dans son Rapport annuel 2024 que 1 266 accouchements en communauté ont été enregistrés au cours de cette année contre 573 en 2023. Soit une augmentation de 121% de ces naissances en 2024 par rapport à 2023.

D’après Msf, la plupart de ces accouchements surviennent pendant la nuit à cause du manque de moyens de transport et de linsécurité grandissante dans la zone qui ne favorisent pas non plus le bon fonctionnement des structures de santé. « Après 15h tu ne trouveras aucun agent de santé dans la structure sanitaire et la nuit même la structure ne fonctionne pas. En 2024 il y a eu plus d’incidents sécuritaires et de déplacements de populations qu’en 2023 », rapporte Msf.

A ces causes des accouchements communautaires dans ce département, Annie Flore Tsogo, spécialiste des questions humanitaires invoque la pauvreté généralisée de la région qui limite la capacité des femmes à payer les services de santé. Elle y ajoute la pénurie des infrastructures caractérisée par un nombre insuffisant des formations sanitaires et le coût des soins qui malgré les politiques de subventions de l’Etat pour les accouchements, restent onéreux pour certaines femmes qui ne parviennent pas à payer les frais annexes. A cela, cette spécialiste ajoute les barrières culturelles et traditionnelles qui selon elle, peuvent favoriser les accouchements en communauté car il est clairement établi que les matrones y sont préférées aux personnels de santé.

Un phénomène qui selon le Dr Paul Tassé, médecin généraliste, a pour conséquences, une mortalité maternelle et infantile élevée. En 2024, le Bulletin épidémiologique de la santé du Cameroun, a rapporté que l’Extrême-Nord à elle seule a totalisé 19 374 accouchements communautaires sur les 39 190 enregistrés sur le plan national.  Avec 217 décès maternels sur les 486 enregistrés en communautés au Cameroun en 2024 et 1200 morts nés, sur les 4678 nationaux, cette région présente les taux les plus élevés.

Pour limiter ces accouchements communautaires, Dr Line Mbezele, médecin généraliste recommande le renforcement des maternités de proximité, une prise en charge complète de la femme enceinte et surtout le renforcement des capacités des accoucheuses traditionnelles en améliorant leurs rapports avec le système de santé.

Mélanie Ambombo

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