Mbam et Kim : le cacao dope la ruée vers les terres

Avec l’augmentation du prix du kilogramme de cacao qui a atteint 5000 F Cfa, nombreux sont ceux qui se lancent dans la cacaoculture, faisant exploser les transactions foncières dans ce département de la région du Centre, qui occupe la première place au niveau national avec une production cacaoyère annuelle de 60 000 tonnes.

Brigitte Tsala est couturière dans la ville de Sa’a, département de la Lekié. Depuis que le prix du kilogramme du cacao a atteint la somme de 5000 F Cfa au cours de la campagne cacaoyère 2024-2025, cette quarantenaire a décidé de s’acheter une parcelle de terrain dans le Mbam et Kim. Un département de la région du Centre qui selon le ministère du Commerce occupe la première place dans l’échiquier national, avec une production cacaoyère annuelle de 60.000 tonnes, soit un quart de la production nationale. L’objectif de Brigitte Tsala, est de créer une vaste plantation de cacao.

Comme elle, Joseph Olinga a les mêmes ambitions. Pour la cause, ce cultivateur a vendu sa parcelle de terrain à Batschenga pour s’offrir un lopin de terre à Yoko, par Ntui. Perçu comme un moyen rapide de s’enrichir, nombreux sont ceux qui misent désormais sur la cacaoculture. Selon un taximan qui a tout abandonné derrière lui en 2022 pour se lancer dans cette culture, « un hectare de cacao bien entretenu peut te remporter près d’1,5 million F Cfa ».

Cet engouement a entrainé la ruée vers l’achat des terres dans le Mbam et Kim, incluant à cet effet l’explosion des transactions foncières. « Mon salaire d’institutrice ne me permet pas de finir le mois. Avec mes quatre hectares de terre, je suis sûre que je pourrais vivre dignement lorsque mon cacao commencera à produire », se réjouit Agathe Kiene.

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Et à cause de cet engouement, une source qui a requis l’anonymat, à la délégation départementale du Cadastre et des Affaires foncières du Mbam et Kim, confie que le prix moyen d’un hectare de terre est passé de 150.000 F Cfa en 2020 à 500.000 F Cfa en 2024. Ce prix atteint quelques fois 800.000 F Cfa dans certaines localités telles que Ngambé-Tikar, réputée fertile avec un climat favorable. « Dans ces zones prisées, une parcelle ne reste pas en vente longtemps. Il y a toujours un preneur et l’achat se fait cash », témoigne un intermédiaire foncier.

Si le cacao suscite désormais un engouement spectaculaire, Ibrahim, ingénieur agronome rappelle que miser uniquement sur une culture comporte des risques tels que la chute des prix mondiaux, la vulnérabilité face aux maladies et aux changements climatiques et la disparition des culture vivrières.  « Il faut à cet effet, accompagner le cacao qui est indéniablement un pilier économique de cultures vivrières. Il faut aussi y ajouter de l’élevage pour garantir la sécurité alimentaire », recommande Ibrahim. Selon le Centre de coopération internationale en recherche agricole pour le développement (Cirad), le cacao est le premier produit d’exportation après le pétrole au Cameroun, avec environ 25% des exportations totale du pays.

Mélanie Ambombo

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