Médias :  Le Cameroun perd 3 places au classement mondial de la liberté de la presse
René Emmanuel Sadi, Ministre Camerounais de la Presse

Le Cameroun poursuit sa dégringolade en matière de liberté de la presse, d’après le dernier Classement mondial de la liberté de la presse 2020 publié par Reporter sans Frontier, en passant de la 131e place en 2019 à la 134e.  

Le Cameroun occupe la 134e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse 2020 établi par Reporters sans frontières (RSF) publié le 21 avril 2020 avec un Score de 43,28. Malgré le nombre pléthorique d’organes de presse, le pays de Paul Biya a perdu trois places par rapport à l’édition 2019, où il occupait la 131e place avec un score de 43,32.  Le Cameroun entre 2013 et 2018, a respectivement occupé, la 120e, 131e, 133e, 126e, 130e, et 129 place.

Une chute pour le pays, qui poursuit sa longue marche arrière en matière de liberté de la presse.  D’après RSF, La permanence des menaces sur l’exercice du journalisme, notamment pour traiter les sujets les plus sensibles comme la crise anglophone et la lutte contre le terrorisme, fait régner une atmosphère de crainte et d’autocensure.

En Afrique, 21 pays sur 48 apparaissent encore en rouge ou noir sur la carte de ce dernier Classement mondial. La Namibie occupe la première place au classement africaine et la 23e place mondiale. Parmi les 5 premières nations africaines, la Namibie est respectivement suivie par le Cap-Vert qui pointe à la 25e place mondiale, le Ghana, 30e, l’Afrique du Sud, 31e et le Burkina-Faso, 38e.  « La situation de celles et ceux qui tentent de produire des informations est difficile, voire critique. La décennie à venir sera décisive pour l’avenir du journalisme sur le continent », relève RSF.

Au niveau mondial, la Norvège maintient pour la quatrième année consécutive la première place, tandis que la Finlande conserve sa deuxième position. Le Danemark est classé au 3e rang, en raison d’une baisse de la Suède et des Pays-Bas (5e, – 1), confrontés à une recrudescence de cas de cyberharcèlement. À l’autre extrême du Classement, peu de changements. La Corée du Nord (180e, – 1) ravit la toute dernière place au Turkménistan, tandis que l’Érythrée (178e) reste le pire représentant du continent africain.

Région

Dans le classement par région, le continent africain, qui arrive troisième derrière l’Europe et l’Amérique du Nord et Sud, enregistre également des reculs importants, souligne ce rapport, dûs notamment à une recrudescence des détentions arbitraires de longue durée et des attaques en ligne. Cette organisation souligne que la liberté de la presse reste très fragile en Afrique subsaharienne. « La chute de nombreux dictateurs et régimes autoritaires ces dernières années, a permis de desserrer un peu l’étau sur les journalistes. Cependant, les changements profonds, seuls à même de favoriser l’essor d’un journalisme de qualité, libre et indépendant, sont encore trop rares », déplore-t-elle.

Le journalisme continue à tuer en Afrique, le plus souvent dans la plus grande impunité. Selon RSF, 102 journalistes ont été tués ou assassinés sur le continent au cours des dix dernières années, dont la moitié en Somalie (163e, + 1), réputé être le plus dangereux pour les reporters. En 2019, RSF a dénombré 171 arrestations arbitraires de journalistes en Afrique subsaharienne. Plus de la moitié des pays du continent y a eu recours, parfois alors même que le droit local avait déjà consacré la décriminalisation des délits de presse. Depuis janvier 2020, 10 journalistes ont été assassinés dans le monde selon cette organisation qui défend la liberté de la presse.

Ce classement qui évalue tous les ans la situation du journalisme dans 180 pays et territoires, démontre que les dix prochaines années seront sans doute « une décennie décisive » pour la liberté de la presse en raison de crises qui affectent l’avenir du journalisme. Notamment, la crise géopolitique, technologique, démocratique, de confiance et économique. La pandémie de Covid-19, observe RSF, met en lumière et amplifie ces crises multiples qui menacent le droit à une information libre, indépendante, pluraliste et fiable.

Marie Louise MAMGUE

Leave comment

Your email address will not be published. Required fields are marked with *.