Ouest : le Haut-Nkam produit 3 mille tonnes de cacao en 2024-2025
Dans ce bassin de production cacaoyère de la région de l’Ouest, les producteurs restent confrontés à de nombreux défis malgré le potentiel de la filière dont la dernière campagne a généré plus de 13 milliards F Cfa aux acteurs.
Delphine Bawaleyi, cacaocultrice à Kékem, dans le département du Haut-Nkam, région de l’Ouest, du se réjouit de pouvoir préparer sereinement la rentrée scolaire de ses enfants grâce à la prime qualité cacao. « Le travail de chacun est célébré à travers cette prime », relève cette mère, qui souligne que l’enveloppe reçue servira à l’éducation de ses enfants et à l’achat de produits phytosanitaires. Cette cacaocultrice a produit 7,9 tonnes de cacao en 2023, 7,85 tonnes en 2023, et vise 9 tonnes en 2025. « Je veux développer mes plantations et progresser chaque année », souhaite-t-elle.
Delphine fait partie des bénéficiaires de la prime de qualité cacao pour les campagnes 2020-2021 et 2021-2022, remise par le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, à Kékem, le vendredi 5 septembre 2025. Une enveloppe globale de 85,4 millions F Cfa distribuée aux producteurs de ce département, qui peinent à surmonter certains obstacles qui handicapent leurs activités.
En effet, dans ce bassin de production encore enclavé, certaines routes sont impraticables en saison des pluies, contraignant les producteurs et transporteurs à utiliser les motos ou portage manuel pour écouler leur cacao. Une situation qui accroît les coûts et freine l’expansion de la filière. À cela s’ajoutent la faible maîtrise des techniques culturales et la vulnérabilité aux maladies comme le swollen shoot ou la pourriture brune. « Beaucoup de producteurs n’ont ni formation ni moyens pour lutter contre la maladie virale du cacaoyer », regrette Delphine Bawaleyi.
Malgré ces contraintes, le potentiel reste considérable. La dernière campagne a généré plus de 13 milliards F Cfa aux acteurs de la filière. Par ailleurs, l’industriel Emmanuel Neossi, a atteint une transformation de près de 55 000 tonnes de fèves par an avec son usine Neo Industry, qui vise bientôt 80 000 tonnes. Cette capacité crée un marché intérieur porteur et stimule la production locale, a indiqué le Ministre du Commerce. « La nouvelle unité a besoin de cacao. Retournez à la terre, vous ne serez pas déçus », a lancé le ministre aux jeunes, rappelant que la production nationale est passée de 266 710 tonnes en 2023-2024 à 309 518 tonnes en 2024-2025, franchissant ainsi la barre des 300 000 tonnes. Selon lui, la transformation locale confère désormais aux producteurs un véritable pouvoir de négociation.
Cependant, relève l’agronome Philomène Njakou, l’avenir du cacao dépendra des efforts du gouvernement à offrir un cadre propice aux producteurs. « Les routes enclavées, les techniques rudimentaires et les maladies restent des freins majeurs à la filière. On espère que la mobilisation des producteurs et l’arrivée des investissements modernes offriront un souffle d’espoir tangible pour la filière », note l’agronome.
Aurélien Kanouo Kouénéyé







