Ouest : L’implémentation du nouveau système d’identification diversement appréciée
Dans cette région, certains usagers repartent de l’unique centre d’identification, logé au commissariat central de la ville de Bafoussam, satisfaits, tandis que d’autres, notamment les usagers en zones rurales, peinent à faire le déplacement pour l’enrôlement physique, pour des raisons financières.
Ce vendredi 30 mai 2025, Nina, 20 ans, quitte le commissariat central N°1 de Bafoussam tout rayonnante. Elle vient de recevoir sa toute première Carte nationale d’identité (CNI) dans cet unique centre d’enrôlement physique d’identification pour la région de l’Ouest. « Après mon enrôlement physique lundi, j’ai attendu plus de quatre jours », confie-t-elle. Un délai supérieur aux 48 heures annoncées par la Délégation générale à la Sûreté nationale (DGSN), mais qu’elle relativise. « Ce n’est rien à côté de ceux qui attendent depuis des années », confie-t-elle.
Dans la cour du commissariat, Marguerite Thiam, venue de Galim, dans le département de Bamboutos attend patiemment son enregistrement physique, après son pré-enrôlement en ligne. Autour d’elle, une foule d’hommes et femmes, venus des 8 départements de la région pour renouveler leur récépissé ou faire une nouvelle demande, reste en alerte. Ils attendent d’être reçus.
Le dispositif en place à Bafoussam est pour l’instant le seul actif dans toute la région de l’Ouest. Le nouvel opérateur, refusant d’utiliser les anciennes machines, a provoqué la fermeture temporaire des anciens postes d’identification. Tous les usagers doivent donc converger vers Bafoussam, ce qui pénalise les plus modestes. Véronique Fonkou, une habitante de Baham dans les Hauts-Plateaux, attend la réouverture du service local. « Je ne peux pas aller à Bafoussam. C’est difficile de réunir 10 000 F Cfa, sans compter le transport », dit-elle.
La situation devrait s’améliorer avec la création de 68 centres multifonctionnels et la modernisation de 219 postes à travers le pays. Ce projet s’inscrit dans un contrat de 131 milliards F Cfa signé en 2024 entre la DGSN et le consortium INCM-Augentic, qui gère le système d’identification pour 15 ans, avant transfert à l’État.
Selon une source policière rencontrée dans ce centre d’identification, le retard observé lors du retrait de nouvelles cartes, est dû à la logistique. « Les cartes, produites à Douala, ne sont livrées à Bafoussam que les jeudis. Ainsi, même produites dans le délai, elles ne peuvent être remises qu’à partir du vendredi », fait-elle savoir.
Mais au-delà de ce retard, certains usagers ont tout simplement abandonné leur CNI au centre d’identification malgré les notifications. Selon notre source, plus de 2 000 cartes déjà disponibles n’ont pas encore été récupérées. « Les notifications sont envoyées, mais les gens ne viennent pas », déplore une responsable.
Aurélien Kanouo Kouénéyé







