Ouest : Moins de 50% de la population dort sous une moustiquaire

Chaleur et étouffement sont entre autres raisons données par les habitants pour justifier la non utilisation de cet accessoire de prévention du paludisme Les moustiquaires à l’ouest.

Dormir sous une moustiquaire imprégnée (MII), il n’en est tout simplement pas question pour Ange Dongmo. « Mes enfants et moi avons essayé plus d’une fois de le faire mais à chaque fois, on a été obligé de la désinstaller à cause de la chaleur. On y étouffe littéralement », explique d’elle en montrant du doigt l’armoire dans lequel elle est rangeait depuis des mois. Pour éloigner les moustiques et ainsi lutter contre le paludisme, elle a opté pour les bombes aérosols qu’elles pulvérisent dans la maison tous les soirs. Sa voisine, Manuelle Siegnie ne dort plus sous une MII depuis des mois. « Après 11 ans d’utilisation, il n’était plus efficace. Je l’ai enlevé mais je n’ai pas pu la remplacer faute de moyens financiers », confie-t-elle.

Selon l’enquête sur les indicateurs du paludisme au Cameroun en 2022 publiée par l’Institut national de la Statistique (Ins) en février 2023, dans la région de l’Ouest, seuls 44% de la population disposant d’une MII y ont dormi sous, pendant la période de l’enquête. La même étude indique 58,7% des ménages ont au moins une MII dans la région de l’Ouest. Un faible pourcentage comparé au 97,1% à l’Extrême Nord, 94,4% au Nord et 91,1% dans l’Adamaoua.

Comment les moustiquaires sont utilisées à l’ouest Cameroun

C’est conscient du fait qu’une bonne partie de la population de la région de l’Ouest reste exposée au paludisme qu’une équipe constituée des bénévoles de la Fondation MOJE et de l’ONG Impact Santé Afrique a organisé, le 22 février 2023 à Dschang des consultations communautaires avec les populations les plus vulnérables au paludisme. « Cette activité a entre autres interrogé les participantes sur leur connaissance sur le paludisme », renseigne Roger Nguepy, Président de l’Association Synergies d’action pour la recherche et intervention en Sciences Psychologique et Santé. Selon lui les participantes ont plaidé pour la gratuité effective de la prise en charge du paludisme.

Dans la région de l’Ouest, 221 834 cas de paludisme confirmé ont été enregistré en 2019, selon une étude du Programme national de lutte contre le paludisme (Pnlp), soit 137 284 cas de paludisme confirmé graves et 84 550 cas de paludisme simple.  Sur la même période le taux de morbidité proportionnelle est estimé à 31,8% pour une incidence hospitalière  106,2‰ habitants.

En effet, d’après la revue canadienne de Géographie tropicale (2016), le paludisme est  responsable de 31% de consultations dans les formations sanitaires et de 44% des hospitalisations. Elle consomme à elle seule 40 % des revenus annuels des ménages et représente 26 % des motifs d’arrêts maladies de travail (…) les dépenses des ménages engagées dans la lutte contre le paludisme s’élèvent en moyenne à 173 000 F Cfa par an à Douala, contre 57 000 F Cfa par an à Yaoundé Les moustiquaires à l’ouest.

Dans une interview publiée sur le site de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en avril 2022, Dr Dorothy Achu, la secrétaire permanente du Programme national de lutte contre le paludisme au Ministère de la Santé publique du Cameroun affirmait que « le paludisme est fortement endémique au Cameroun, ce qui signifie que les 27 millions de Camerounais que compte le pays sont tous régulièrement exposés à la maladie. Chaque année, nous enregistrons six millions de cas de paludisme et nos établissements de santé déplorent 4000 décès environ, dont la plupart touchent les enfants de moins de cinq ans ».

Sur une note positive, toujours selon Dorothy Achu, les rapports de surveillance nationale font état d’une baisse des décès imputables au paludisme, qui est passée de 18 % en 2019 à 13,5 % aujourd’hui.

Vanessa Bassale