Ouest : Privés d’écoles, les jeunes de Maripa se convertissent en berger

Dans ce village de la commune de Massangam dans le département du Noun, l’absence d’établissements d’éducation de base et secondaire, est l’un des facteurs qui contraignent les enfants en âge scolaire à se consacrer à l’élevage.

Youssouf est un enfant de moins de 10 ans, pour qui l’élevage de bœuf n’a plus de secret. Au quotidien, cet enfant paît le troupeau familial. Une aubaine pour son père, Moussa Abdoulaye, qui a fait de son fils un acteur incontournable dans la gestion de son bétail. Devenir éleveur par la force des choses, cet enfant ne sait ni lire, ni écrire. D’ailleurs, il n’a jamais été à l’école, et fait partie des 7 millions de Camerounais, qui selon le ministre de la Décentralisation et du Développement local, ne disposent pas d’acte de naissance.

« Ici à Maripa, nous n’avons pas d’école pour nos enfants », déplore ce père qui justifie la non scolarisation de son fils. Le vœu de cet habitant de Maripa, dans l’arrondissement de Massangam, département de Noun, région de l’Ouest, est de voir ce village être doté des infrastructures de base. « Nous attendons que l’Etat nous offre des centres de santé, et surtout des écoles pour la scolarisation de nos enfants », souhaite cet éleveur qui  s’est réfugié dans cette localité située à plus 67 Km de Foumbot, à cause de l’insécurité qui sévit dans les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest. En plus des défis liés à l’éducation, souligne Yap Salomon Etchi, un autre déplacé interne, ce village manque de centre de santé et de l’eau potable.

Pour combler le déficit lié à l’éducation, une école communautaire bilingue, centrée sur l’alphabétisation des jeunes en âge scolaire, a été créée à Maripa. Près de 48 enfants ont été enregistrés en 2025. Cependant, déplore Elise Tene, coordinatrice générale de ce centre construit en matériaux provisoires, la principale difficulté est de réunir tous les enfants non scolarisés. « J’ai pris sur moi de marcher dans les brousses à la recherche des enfants. Les parents font savoir qu’ils ne peuvent pas envoyer leurs enfants en ville. Dans certaines zones, j’ai recensé plus de 60 enfants. Mais il est difficile de les amener jusqu’à l’école par manque de moyens de transport. Il faut des motos ou des pick-ups pour conduire ces enfants de la brousse pour le centre », affirme-t-elle.

Située à proximité de Mawouen et Makeka, cette « école communautaire » accueille également des jeunes qui viennent de ces villages de la commune de Foumbot. Un défi pour la coordonnatrice, qui doit également surmonter les difficultés financières, qui représentent un autre obstacle dans le projet d’éducation de ces enfants déscolarisés.

Outre l’absence des infrastructures de base, Maripa et les villages voisins, accueillent une forte communauté de déplacés internes. A en croire Hermand Guena, coordonnateur national de l’association humanitaire Gamos take care international, ces personnes en situation de déplacement forcé, font face à des défis d’adaptation. Il relève que le manque d’accompagnement psychosocial, couplé à des conditions de vie précaires et à l’absence des structures de base à l’exemple des écoles et des hôpitaux, a conduit à une marginalisation croissante de certains jeunes, souvent impliqués dans des pratiques de prostitution, de consommation de stupéfiants et dans divers actes criminels.

Aurélien Kanouo Kouénéyé

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