Paludisme : Le nombre de cas confirmés régresse entre 2021 et 2024
Même si le Programme national de lutte contre le paludisme salue ce progrès enregistré dans la lutte contre cette pathologie au Cameroun, des médecins estiment que cette maladie reste néanmoins un problème de santé publique. A cet effet, il faut poursuivre avec l’implémentation des stratégies mises en place pour éradiquer cette endémie.
Au Cameroun, les indicateurs sur le paludisme montrent une amélioration sur les 4 dernières années. Le pays est passé d’un peu plus de trois millions de cas confirmés entre 2021 et 2022, indique le Bulletin épidémiologique du Cameroun (Bec), 2024, à moins de trois millions entre 2023 et 2024. De ce fait, en 2024, la morbidité proportionnelle du paludisme est de 26,8% avec un taux d’incidence annuel de 99,7 cas pour 1 000 habitants. Un taux d’incidence et une morbidité proportionnelle en baisse par rapport à 2023. Malgré cette baisse, les régions de l’Est et du Centre trônent toujours, comme en 2023, parmi celles qui enregistrent les taux d’incidence les plus élevés. Tandis que celles du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ont les taux d’incidence les plus faibles.
La proportion des cas graves est stable en 2024 par rapport à l’année précédente. Elle reste autour de 34% contre 40% en 2022, 41% en 2021 et 45% en 2020. La sévérité du paludisme reste très élevée dans les régions de l’Ouest, du Littoral et du Nord-Ouest avec plus de 40% des cas graves parmi les cas rapportés. « Ces trois régions mentionnées peuvent avoir des conditions climatiques et environnementales favorables au développement de l’anophèle femelle, moustique vecteur du paludisme. Aussi, les changements climatiques dans lesdites régions peuvent avoir un impact sur le développement des moustiques ainsi que la durée de leur cycle », explique le médecin généraliste, Dr Paul Tassé.
Il ressort de l’analyse selon les groupes cibles, que le taux d’incidence est considérablement plus élevé chez les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes avec des valeurs 3 fois plus élevées que celle des personnes de 5 ans et plus. La morbidité proportionnelle quant à elle est plus élevée chez les enfants de moins de 5 ans. Au cours de l’année 2024, 23 033 décès ont été notifiés par les formations sanitaires. On observe une légère baisse de décès par rapport à l’année 2023. Les régions du Centre, du Littoral, de l’Ouest et de l’Extrême-Nord sont celles qui ont enregistré les plus grands taux de létalité.
Malgré cette amélioration, le paludisme reste encore un problème préoccupant de santé publique. Pour poursuivre la lutte contre cette maladie, le médecin généraliste Dr Line Mbezele, propose de continuer la sensibilisation sur la gravité du paludisme et accroitre la sensibilisation des ménages dans l’assainissement de leurs milieux de vie tout en intensifiant la mise en œuvre des interventions de lutte anti vectorielle.
Pour sa part, Dr Paul Tassé, recommande de poursuivre avec l’implémentation des stratégies mises en place dans la lutte contre le paludisme. Il s’agit notamment de l’utilisation des moustiquaires imprégnées d’insecticide (Mii). Dans sa publication du 21 février 2025 relative à l’ utilisation des Mii à longue durée d’action dans la prévention contre le paludisme au Cameroun, l’Ins a relevé que malgré le pourcentage de la population ayant accès aux Mii qui a considérablement augmenté, passant de seulement 1 % en 2004 à 64 % en 2022, l’utilisation reste faible.
Mélanie Ambombo
