Paludisme : l’utilisation des moustiquaires toujours faible au Cameroun
A cause de plusieurs facteurs tels que l’inconfort de dormir sous une moustiquaire, cette faible utilisation, explique le corps médical, contribue à exposer les ménages à la propagation du paludisme.
Au Cameroun, l’utilisation de la moustiquaire imprégnées d’insecticide (Mii) représente l’une des stratégies mises en place dans la lutte contre le paludisme. Malheureusement, sa faible utilisation par les ménages continue d’exposer la population à un risque élevé de paludisme, fait observer l’Institut national de la statistique(Ins) dans sa publication du 21 février 2025 relative à l’ utilisation des Mii à longue durée d’action dans la prévention contre le paludisme au Cameroun. « L’absence de l’utilisation de la moustiquaire accélère la transmission du plasmodium, vecteur du paludisme chez l’Homme. Et cette augmentation se fera particulièrement auprès des groupes à risque tels que les enfants de moins de 5 ans, les femmes enceintes », souligne le médecin, généraliste, Paul Tassé.
Autant de conséquences qui à long terme entrainent une morbidité et une mortalité élevées. A ce sujet, le Programme national de lutte contre le paludisme (Pnlp), indique qu’en 2023, le taux de morbidité du paludisme était de 28%, légèrement inférieur à celui de 2022 fixé à 29,6%.
Même si les données de l’Enquête sur les indicateurs du paludisme au Cameroun en 2022 rapporte qu’entre 2004 et 2022, le pourcentage de la population ayant accès aux Mii a considérablement augmenté, passant de seulement 1 % en 2004 à 64 % en 2022, des disparités persistent entre les zones urbaines et rurales. « Les chiffres rendus publics par l’Ins montre que l’accès et l’utilisation des Mii sont légèrement plus élevés en zones rurales (68 %) qu’en zones urbaines (65 %) », précise Dr Paul Tassé. Il précise que : « cette enquête montre aussi qu’en dépit du fait que plus de sept ménages sur dix possèdent au moins une Mii, seulement 54% de la population des ménages, 58% des enfants de moins de 5 ans et 63% de femmes enceintes ont dormi sous une Mii la nuit précédant l’interview. »
Une faible utilisation des Mii qui s’explique par le fait que : « les populations à qui elles sont destinées, en font mauvais usage. Dans la partie septentrionale par exemple, elles servent plus comme filet de pêche et à recouvrir les cultures. Vous comprenez donc que de nombreux ménages n’utilisent pas pleinement leurs moustiquaires », croit savoir Xavier Bayiha, sensibilisateur communautaire. A ces griefs, Xavier Bayiha ajoute la mauvaise distribution des Mii lors des campagnes de masse et de la distribution courante, et l’inconfort de dormir sous une moustiquaire qui affecte son acceptation et son utilisation entre autres.
Contrer la transmission du paludisme passe de ce fait par l’adoption d’une stratégie de distribution systématique des Mii aux enfants lors des vaccinations, propose la pédiatre, Dr Line Mbezele. Elle ajoute qu’il faut combiner à cette stratégie l’organisation des campagnes de rattrapage qui se feront en même temps que les autres campagnes et accentuer l’éducation des populations sur la nécessité de dormir sous une moustiquaire.
Mélanie Ambombo







