La Minesec mise sur la digitalisation des enseignements

Meme s’ils saluent l’inititiative, certains enseignants  estiment qu’il s’agit là d’un projet pas assez muri qui risque de renfoncer les disparités qui existent déjà entre les zones urbaines et les zones rurales Pénurie des enseignants et digitalisation des enseignements.

L’éducation au Cameroun reste un secteur en crise, en raison de plusieurs facteurs tels que les crises sécuritaires où les écoles sont souvent la cible des attaques terroristes. L’accès à une éducation de qualité se retrouve ainsi compromise car la plupart des enseignants refusent de se rendre dans les zones d’insécurité, chose qui y contribue à des taux de scolarisation extrêmement faibles.

D’ailleurs au ministère des Enseignements secondaires (Minesec), il est par exemple démontré que dans l’Extrême-Nord, plus de 200 établissements scolaires n’ont pas de professeurs de mathématiques et plus de 80, dans la même région, n’ont pas de professeurs de Mathematics (section anglophone).

Préoccupée par cette situation, la Minsec a séjourné à Limbe du 10 au 11 Octobre 2024, à l’effet d’effectuer des tests de production des leçons digitalisées au bénéfice simultané des élèves des dix régions du pays. Une digitalisation qui repose sur la diffusion des leçons digitalisées au Centre d’éducation à distance ou dans n’importe quelle localité du Cameroun et leur réception se fait en direct dans tous les établissements scolaires du ressort de compétence du Minesec. Il s’agit, indique le Minesec, d’une volonté affirmée à la fois de moderniser l’enseignement, mais encore de pallier à l’« épineuse et redoutable » question du déficit d’enseignants.

« Il s’agit là des choses qu’on force et qui restent de simples discours politiques car avant de penser à une digitalisation des enseignements, il faut d’abord être capable de définir un référentiel de compétences pour les enseignants. Document qui n’existe pas jusqu’ici », réagit Dr Pantaléon Bengono, Spécialiste en management de l’éducation.

Pour sa part, Jean Blaise Kamdem, enseignant d’informatique pense que cette digitalisation s’annonce ardue étant donné que bon nombre d’enseignants ne savent pas manipuler l’outil informatique. « Comme toujours on a mis la charrue avant les bœufs. Le gouvernement s’est -il arrangé à ce que ce projet ait toutes les mesures d’accompagnement ? C’est-à-dire un parc informatique bien fournis ? des projecteurs et autres appareils nécessaires pour des cours à distances ? la connexion internet et l’électricité sont-ils stables ? » S’interroge un autre enseignant d’informatique, Clotaire Menounga.

D’ailleurs, dans son Rapport d’analyse de l’Annuaire statistique du secteur de l’éducation et de la formation au Cameroun de 2022, l’Institut national de la statistique (Ins), relève  que l’environnement scolaire est encore précaire au Cameroun et que l’encadrement des élèves est insuffisant pour soutenir des apprentissages de qualité Pénurie des enseignants et digitalisation des enseignements. Ce rapport révèle que seulement 36% d’écoles ont un branchement électrique fonctionnel et 17% ont des ordinateurs fonctionnels. « Dans le fond, l’initiative du Minesec est bonne et louable mais c’est son implémentation qui fait défaut car elle risque de renfoncer les disparités qui existent déjà entre les zones urbaines et les zones rurales. Il faut bien asseoir le projet afin d’éviter un autre fiasco comme cela l’a souvent été avec les projets gouvernementaux », suggère Fru Ntah, syndicaliste.

Mélanie Ambombo