Pétrole brut : la production nationale de plus en plus faible

Passant de 26,6 millions de barils en 2020 à 23,9 millions de barils en 2023, cette chute de la production du pétrole brut au Cameroun, selon l’expert en pétrole et mines, Bareja Youmssi est causée par l’amincissement des réserves de pétrole.
Les ressources pétrolières du Cameroun s’amenuisent. Tel est le constat qui se dégage de l’historique de la production nationale de pétrole brut de 2000 à 2023, publié par la Société nationale des hydrocarbures (Snh), dans une publication intitulée : « Vente de pétrole brut. La Snh dénonce la manipulation. »
Il ressort de cette publication, qu’au cours des quatre dernières années la production nationale de pétrole brut est passée de 26,6 millions de barils en 2020 à 23,9 millions de barils en 2023. « Les puits sont entrain de tarir et les réserves déclarées s’amincissent. Nous en avons encore pour 10 ans de production et la situation s’annonce alarmante si entre temps il n’y a plus de gisement découvert ou un champ mis en production », prévient le Dr Bareja Youmssi, expert en pétrole et mines.
Pour prévenir l’épuisement du pétrole brut au Cameroun, Dr Bareja Youmssi recommande de relancer la recherche et l’exportation « Malheureusement la Snh est spécialisée en rente pétrolière et ne sait pas créer de la valeur. Voilà pourquoi j’ai toujours demandé la création d’une nouvelle compagnie nationale pétrolière, la Cameroon Oil Company (COC) qui sera chargée de mettre en évidence de nouveaux champs pétroliers afin de faire accroître nos réserves », poursuit-il.
Toujours dans le volet des propositions, cet expert suggère que la COC mise en place se charge également de développer des projets pétroliers et de les mettre en production. Car jusqu’ici comme l’admet la Snh, ses activités de recherche et de développement des hydrocarbures dans les deux bassins sédimentaires de Rio del Rey et Douala/ Kribi-Campo se font avec des compagnies pétrolières. « Le Cameroun ne peut pas toujours laisser les autres produire le pétrole à sa place et se contenter de la rente », déplore le Dr Bareja Youmssi.
Une rente qui lui impose le partage de production. « En phase d’exploitation, ces compagnies pétrolières bénéficient d’une autorisation de recherche et supportent, seules, les coûts inhérents aux travaux à engager. En cas de découverte rentable, la Snh signe un contrat de partage de production et rembourse à la compagnie pétrolière l’investissement de recherche. Il en ressort de ses contrats de partage de production que la part revenant à l’Etat du Cameroun est de 70% en moyenne », justifie la Snh dans son message.
Au 30 juin 2024, la production pétrolière du Cameroun s’élève à 61.405,74 barils et est composée de trois types de pétrole brut à savoir le Kolé, le Lokélé et l’Ebomé. Accusé de brader le pétrole brut, la Snh le dément formellement en expliquant qu’entre janvier et avril 2020, le baril de Brent a perdu les trois quarts de sa valeur, et chute de 69 à 18 dollars. Le cours du WTI, référence américaine lui-même est passé en terrain négatif et se négociait à -40,32 dollars le 20 avril 2020, compte tenu de l’absence d’acheteurs et des capacités de stockage disponibles.
« C’est dans une situation quasi identique que s’est retrouvée la Snh : pressée par des contraintes de stockage qui faisaient planer le spectre d’un arrêt de production, dans un contexte de chute des prix, elle a dû céder une cargaison de 400.000 barils de brut Ebomé à la société Vitol, avec une décote de 34% sur un contrat pour livraison en juin 2020. (…) c’est la seule et unique cargaison jamais vendue avec un tel niveau de décote » explique la Snh. Pour le Dr Bareja Youmssi, cette explication, « c’est du replay ! Ils ne nous disent pas exactement pourquoi le Cameroun vend son pétrole avec une décote. »
Mélanie Ambombo







