Présidentielle 2025 : Douala, ville déserte et militarisée le jour de proclamation des résultats
Très peu de personnes ont vaqué à leurs occupations ce lundi, 27 octobre 2025. Les populations sont restées chez elles, après les troubles qu’a connu la ville dimanche.
Il est 13h ce lundi 27 octobre 2025. Le lieu-dit Rond-point Shell New-Bell, dans l’arrondissement de Douala 2e, est militarisé. Des pick-ups de la police et de la gendarmerie nationale sont stationnés aux différentes entrées des quartiers New-Bell et Bonapriso. Par petits groupes, des gendarmes et policiers sont munis d’équipements de protection anti-émeute.
Le même dispositif est visible à Nkolouloun et dans les environs des commissariats du 6e et du 2e pris d’assaut la veille, dimanche 26 octobre 2025 par les manifestants. L’entrée qui mène au quartier Bois des singes est aussi surveillée. A Ndokoti où les Forces de maintien de l’ordre (Fmo) ont essuyé des jets des cailloux et autres projectiles des manifestants, les Fmo veillent également. Des picks-ups de la gendarmerie transportant des gendarmes armés et cagoulés sillonnent une ville déserte.
Douala, capitale économique du Cameroun a tout l’air d’une ville fantôme ce lundi, 27 octobre, jour de la proclamation des résultats de l’élection du président de la République du 12 octobre dernier. Les établissements scolaires publics et privés sont fermés. De nombreuses stations-services aussi. Les boutiques n’ont pas ouvert, permettant une circulation fluide au marché central de Douala ou encore au lieu-dit « douche Akwa » où circuler à véhicule ou se déplacer même à pied est d’ordinaire difficile. Ici, d’habitude, on se marche dessus.
La circulation est fluide. Motos et taxis se comptent au bout des doigts. Conséquence, en emprunter une, dure des dizaines de minutes. Pourtant, les moto-taxis circulent même dans les quartiers dont l’accès leur a été interdit par l’arrêté du préfet signé mercredi dernier. Devant le lycée d’Akwa, deux enseignants sont présents. L’un d’eux arbore un polo qui porte le nom de l’établissement scolaire. Approchés, ils hésitent à se prononcer sur l’absence des élèves en ce jour de classe. « Avec les événements d’hier, quel parent pouvait laisser son enfant sortir ce matin pour l’école ? », interroge l’un d’entre eux. Ceux rencontrés devant l’école publique d’Akwa déplorent le vandalisme sur l’un des panneaux portant le nom de l’école.
Pour s’occuper, certains jeunes jouent au ballon sur la rue comme à Bali, ou à Akwa. D’autres se regroupent par petits groupes et se remémorent des événements de la veille. Hier dimanche, des milliers de jeunes ont envahi les rues de la ville de Douala, répondant à la marche pacifique lancée par Issa Tchiroma Bakary, candidat à la présidentielle du 12 octobre qui s’est déclaré vainqueur.
La marche pacifique qui visait à revendiquer sa victoire « volée » a dégénérée. Des affrontements ont eu lieu entre policiers, gendarmes et manifestants à Ndokoti, au Terminus Saint Michel… A New-Bell et a Nkolouloun, quatre morts ont été enregistrés et des policiers blessés d’après un communiqué du gouverneur de la région du Littoral. Samuel Dieudonné Ivaha Diboua informe que 105 personnes ont été interpellées et placées en garde à vue administrative a la prison de New-Bell pour une durée de 15 jours renouvelable.
Blaise Djouokep
Cet article a été produit dans le cadre du projet Partenariat pour l’intégrité de l’information.







