Présidentielle 2025 : la Mifi se mobilise face aux tensions post-électorales
À Bafoussam, le Pr Pascal Nguihé Kanté a réuni, autorités administratives, leaders communautaires, opérateurs économiques et acteurs de la société civile dans le but de les appeler au calme et à la responsabilité, à la veille de la proclamation des résultats de la présidentielle du 12 octobre 2025.
Des autorités administratives, des élus locaux, des chefs de quartier, des chefs de communautés résidant dans la Mifi, des leaders d’associations de transporteurs urbains à moto, des vendeurs à la sauvette, des leaders d’opinion, des responsables de mouvements de jeunesse, des opérateurs économiques et des membres de la société civile… Tous ont répondu présents à l’invitation du Pr Nguihé Kanté dans la salle de conférence de la Caplami à Bafoussam.
« Il y a des sirènes qui invitent les Camerounais de la Mifi à faire quoi que ce soit. Nous ne voulons pas tomber dans le mimétisme. L’élection est passée. Nous devons préserver la paix », a lancé l’initiateur de la rencontre. Le ministre a insisté sur le rôle symbolique de la capitale régionale : « Bafoussam est le symbole du peuple de l’Ouest. Montrons au monde que Dieu nous a donné la sagesse. Nous devons déjouer tous les pronostics ».
Le représentant du préfet de la Mifi a, lui aussi, invité les populations à préserver les acquis et à éviter toute dérive. « La Mifi n’a pas falsifié les procès-verbaux issus des bureaux de vote. Ce que la Mifi a exprimé dans les urnes est parti tel quel. S’il y a à revendiquer, qu’on aille là où on a volé », a-t-il déclaré.
Elections locales
Pour le Dr Jules Hilaire Focka Focka, président du Conseil régional de l’Ouest, il est temps de tourner la page de la présidentielle et de se concentrer sur les élections locales à venir. « Le développement des territoires dépend de ceux qu’on aura élus localement », a-t-il souligné. Face aux appels à des manifestations en contestation du respect des résultats des urnes, le Pr Nguihé Kanté a exhorté les leaders présents à sensibiliser leurs communautés et à « prêcher l’évangile de la paix ».
Le message a trouvé un écho favorable chez plus d’uns. Justin Talla, président de l’association des transporteurs urbains à moto de la Mifi, a promis de relayer l’appel à la paix auprès de ses membres. « Sans la paix, nous ne pouvons pas mener notre activité », a-t-il affirmé. Même engagement du côté, Alhadji Moustopha, chef de la communauté Bororo. « La sensibilisation va se poursuivre dans nos communautés pour éviter les débordements, notamment la destruction des biens publics et privés », a-t-il déclaré.
Cette rencontre vient compléter une série d’initiatives locales. La veille, le préfet Christophe Fofié Mbouedia avait tenu une concertation similaire avec les leaders d’associations de mototaximen, de taximen et d’autres acteurs du transport. De son côté, le maire de la ville de Bafoussam, Roger Tafam, a publié un communiqué appelant les populations, « à éviter toute forme de violence, d’incendie ou de destruction de biens publics et privés ; à ne pas céder aux rumeurs, à la désinformation ou aux provocations d’ordre politique, ethnique ou religieux. »
L’Église plaide pour la vérité des urnes
Bien avant ces appels officiels, le dimanche 19 octobre 2025, Mgr Paul Lontsie-Keune, évêque du diocèse de Bafoussam, publiait une lettre pastorale intitulée « Le peuple murmure : il réclame la vérité des urnes ».
Il y affirmait que « les actes citoyens posés par les électeurs, depuis les inscriptions sur les listes électorales jusqu’à l’acte historique de vote du 12 octobre 2025, sont porteurs de leur dignité personnelle — dignité conférée par Dieu lui-même et que l’Église proclame et défend à temps et à contretemps. »
L’évêque met en garde contre toute trahison de cette volonté populaire : « Piétiner délibérément et par égoïsme la volonté des citoyens constituerait une grave atteinte à cette dignité. Refuser de prendre en compte le vote de chaque citoyen, c’est lui nier son droit fondamental à participer à la marche de notre grand et beau pays. »
Et d’ajouter : « La force doit être à la loi, certes, mais cette loi doit s’imposer à tous. Si la loi s’impose à tous — et la loi s’impose à tous — alors force sera à la vérité, qui deviendra le chemin de la loi. »
Pour Mgr Lontsie-Keune, le respect de la vérité des urnes est la seule voie possible pour préserver la paix et éviter l’émergence de nouveaux foyers de tension dans le pays.
Un message d’autant plus fort qu’il rejoint les appels répétés des autorités civiles et communautaires à la responsabilité et à la retenue.
Aurélien Kanouo Kouénéyé
Cet article a été produit dans le cadre du projet Partenariat pour l’intégrité de l’information.







