Présidentielle 2025 :  L’avenir politique du Cameroun demeure incertain

Face aux restrictions croissantes de l’espace civique à l’approche de l’élection présidentielle du 12 octobre 2025, de vives inquiétudes suscitent quant à la capacité des électeurs à exprimer librement leur choix. Face à ces situations, l’ONU tire la sonnette d’alarme sur les risques de dérapages qui pourraient compromettre la tenue d’un scrutin libre et équitable.

Le 4 août 2025, les forces de sécurité camerounaises ont arrêté environ 53 militants des partis de l’opposition devant le Conseil constitutionnel à Yaoundé. C’était lors des audiences en appel contre certaines décisions du conseil électoral. Ces militants ont été accusés de troubles à l’ordre public, de rassemblement illégal, de rébellion et d’incitation à la révolte.

Des restrictions qui suscitent des craintes quant à la possibilité pour les électeurs d’exprimer librement leur volonté, a alerté le Haut-Commissariat de l’Organisation des Nations unies (ONU) aux droits de l’homme. « Il est à déplorer qu’un tel environnement ne semble pas prévaloir au Cameroun », regrette Volker Türk, le Haut-Commissaire de l’ONU ce 2 septembre 2025.

Toujours d’après les révélations de l’ONU, des candidats de l’opposition et leurs partisans auraient également été intimidés et menacés ainsi que l’observation des irrégularités dans l’inscription des électeurs. « Le gouvernement ne devrait pas réprimer le travail essentiel des organisations de la société civile et des médias (..) L’égalité d’accès à la participation aux processus électoraux pour tous les Camerounais est absolument essentielle. Toute mesure susceptible de priver certaines parties de la société camerounaise de leurs droits devrait faire l’objet d’une attention immédiate », déclare Volker Türk.

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Par ailleurs, le jeudi 7 août 2025, à 21 heures, l’émission « Entretien avec… » diffusée sur la chaîne de télévision à capitaux privés STV à Douala a été brusquement interrompue après seulement huit minutes de diffusion. Ce programme animé par le journaliste Dipita Tongo avait pour invité Dieudonné Yebga, militant du Manidem, au cœur des polémiques après le rejet de sa candidature à la présidentielle du 12 octobre prochain par Elecam et le Conseil constitutionnel à cause de la pluralité d’investitures au sein du parti.

Cette interruption brusque de l’émission fait suite à l’irruption des autorités dans les locaux de la chaîne privée selon des sources internes. Or, « la sécurité ne peut pas être un prétexte pour justifier la répression. La violence et les arrestations arbitraires alimentent la méfiance et la polarisation. La stabilité du Cameroun dépendra de la capacité des autorités à garantir la liberté d’expression, tout en assurant la sécurité de tous, sans discrimination ni intimidation », relève Herman Ngono, Juriste.


Selon International Crisis Group, l’élection présidentielle d’octobre constituera un véritable test pour la stabilité du Cameroun. Les incertitudes qui entourent la succession du président Paul Biya, les atteintes aux libertés politiques, les conflits armés et les tensions ethniques suscitent des craintes quant au bon déroulement du vote. « Yaoundé devrait dès à présent prendre des mesures pour garantir la crédibilité du scrutin », alerte International Crisis Group dans son rapport intitulé prévenir les troubles à l’approche du scrutin présidentiel, publié le 08 août 2025.

A en croire Martin Moukan, sociologue, la situation actuelle au Cameroun est alarmante. La liberté d’expression et le droit de se rassembler pacifiquement sont des piliers fondamentaux d’une démocratie saine. La répression croissante ne fait que renforcer la défiance des citoyens envers leurs institutions et risque d’accroître les tensions. Pour ce sociologue, il est impératif que le gouvernement revoie sa stratégie pour garantir un environnement propice à un scrutin véritablement libre.

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Face à ces situations, le chef des droits de l’homme de l’ONU exhorte le Cameroun a ne pas réprimer le travail essentiel des organisations de la société civile et des médias et invite le gouvernement à prendre des mesures concrètes pour lutter contre la montée des discours de haine, de la désinformation et de l’incitation à la violence, en ligne et hors ligne, conformément au droit international des droits humains.

Hyacinthe TEINTANGUE

Cet article a été produit dans le cadre du projet Partenariat pour l’intégrité de l’information.

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