Production du blé : Une culture en pleine expansion à Fongo-Tongo
Apollinaire Tsobeng dans sa plantation de blé

Production du blé : Une culture en pleine expansion à Fongo-Tongo

Dans cet arrondissement de la région de l’Ouest, la culture du blé gagne du terrain au détriment de la culture maraichère autrefois très prisée Production du blé au Cameroun. Encore embryonnaire, sa production en 2023 est estimée à 5 tonnes.

Sur le flanc d’une colline à Melang dans le département de la Menoua, région de l’Ouest, les tiges de blé en pleine croissance affichent fière allure. « La croissance des plantes est rassurante », se réjouit Apollinaire Tsobeng, l’exploitant de cette emblavure Production du blé au Cameroun. Cet agripreneur et ingénieur des forêts et faunes, s’est engagé dans la production du blé en 2020 dans un domaine familial. Une référence en la matière dans la commune de Fongo-Tongo. « Je n’utilise aucun traitement phytosanitaire encore moins des produits chimiques. Tout est vert. Un épi peut donner plus de 50 graines », affirme ce céréalier.

Sur un même pied, 7 à 10 tiges de blé se sont développées. Une preuve selon ce producteur que le site est propice à cette culture. « Mes essais de l’année passée m’ont permis d’obtenir, pour 5 poches, un rendement de 4,5 à 5 tonnes à l’hectare, sans engrais », explique-t-il. Pour la campagne 2024, Apollinaire Tsobeng compte s’étendre sur plus d’un hectare Production du blé au Cameroun. Les semences issues de la campagne précédente seront mises en terre entre le 15 juillet et le 15 août 2024, après la récolte des pommes de terre sur le même site. « La culture du blé dans cette zone se fait après avoir récolté les pommes de terre. Pour 1m2, il faut 10 à 12 grammes de semences, tandis que pour un hectare, il faut 100 à 120 Kg de semences », détaille ce producteur qui envisage également d’expérimenter d’autres variétés produites en Afrique de l’Ouest, notamment le Niger et le Burkina-Faso.

Une culture expérimentale

Dans ce département de l’Ouest, la culture du blé s’impose progressivement, et côtoie désormais la culture maraichère et des pommes de terre jadis très prisée. « Au début, plusieurs agriculteurs étaient pessimistes quant à la réussite de cette culture. Pour certains, c’était une utopie parce que jamais, un tel projet n’avait été expérimenté auparavant », se souvient Leonel Nguimbo, un habitant.

Pour pérenniser cette activité, Bernard Nanfack, un autre céréalier, a mis sur pied trois Groupes d’initiative commune (Gic) à Fongo-Tongo, dans le but de fédérer et d’accompagner les nouveaux producteurs. « Nous avons huit producteurs par Gic. Les agriculteurs s’intéressent davantage à la culture du blé.  Le blé est plus rentable à l’hectare que le maïs Production du blé au Cameroun. Nous avons 1,200 tonne qui sera distribué aux paysans intéressés », affirme cet agriculteur qui a reçu sa première  semence du blé il y a 8 ans, des mains du Prof Tankou Christopher, chercheur à l’Université de Dschang, pionnier de la recherche et de la vulgarisation du blé dans cette commune.

Le blé produit est commercialisé dans les marchés locaux, à raison de 1 000 F Cfa le Kg. « Nous avons espoir qu’en 2024, le kilogramme grimpe à 1 500 voire 2 000 F Cfa », souhaite Bernard Nanfack qui se revendique comme étant le « directeur du blé ». Cette céréale est consommée sur plusieurs formes et sert également d’aliments pour les bêtes.

Production du blé au Cameroun  Variétés

A l’Ouest, l’un des plus grands bassins agricoles au Cameroun, des recherches sont menées afin de trouver les variétés de blé adaptées à cette région.  Ceci dans le but de d’inciter les agriculteurs  à s’approprier de cette culture très pratiquée dans le septentrion. A en croire le Prof Félix Meutchieye, alors, chef de la Ferme d’application et de recherche de l’Université de Dschang (Far-Uds), en 2019 quelques variétés du blé ont été testées et les résultats ont été concluants, avec des « graines toutes remplies ». « Ces résultats nous ont renseigné sur la possibilité de vulgariser cette spéculation à Fongo-Tongo », soutient l’actuel chef de département de zootechnique de la Faculté de l’Agronomie et des sciences agricoles de l’Uds.

A l’antenne de l’Institut de la recherche agricole pour le développement (Irad) de Dschang souligne Edwin Forkem, technicien supérieur d’agriculture, des semences ont été développées et homologuées. Il s’agit de l’« Irad 1 et 2 ».  « Des essais de blé ont été réalisés à la Ferme de Bansoa. Ces semences permettent d’avoir un rendement évalué entre 2,5 à 3 tonnes à l’hectare », rassure-t-il. Dans le cadre de ce reportage, nous avons contacté sans suite, le Prof. Christopher Tankou, pionnier de la vulgarisation de la culture du blé à l’Ouest.

Malgré ces avancées dans la recherche, la culture du blé reste embryonnaire et  expérimentale pour la plupart de producteurs. Selon Barthélémy Nguekeng, délégué d’arrondissement de l’Agriculture et du développement rural (Minader) de Fongo-Tongo, la production du blé dans cet arrondissement a atteint 5,1 tonnes en 2023, avec 26 producteurs enregistrés dont 18 hommes et 8 femmes.

Fuite de devises

Dans son rapport sur le commerce extérieur en 2023, l’Institut national de la statistique (Ins), indique que le Cameroun a importé 887 400 tonnes de blé pour un coût financier de 178,3 milliards de F Cfa contre 920 400 tonnes achetées à 260,7 milliards de F Cfa en 2022.

Selon le Dr. Louis-Marie Kakdeu, économiste, « le marché du blé à lui tout seul représente environ 174 milliards de F Cfa au Cameroun. C’est près de 600 000 tonnes de blé que l’on importe chaque année pour faire du pain. Produire localement, c’est éviter cette fuite en devises. Puis, ça permet de créer la richesse localement. Ce qui est très important pour chaque économie ». Cet économiste soutient que : « si on prend toute la chaine de valeurs jusqu’à la production du pain, c’est estimé à environ 1 000 milliards de F Cfa par an, puisqu’au Cameroun, les chiffres ne sont pas toujours à jour Production du blé au Cameroun. Mais dans les années 2020, on produisait environs 15 millions de pain chaque matin. C’est ainsi un chiffre d’affaires estimé autour de 1,5 milliard de F Cfa par jour. Si toute cette richesse est sur place, cela engendrera la création des emplois et la croissance baissière ».

Le 20 novembre 2023, le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, a annoncé une subvention de 10,3 milliards de F Cfa, octroyée à l’Irad pour relever la filière blé, soit 1/3 du budget total alloué aux céréales en cette année. Le plan quinquennal de développement de la filière blé (2024-2028) au Cameroun bénéficie d’une enveloppe de 417 milliards de F Cfa, validée le 5 janvier 2024 par le ministère de l’Agriculture et du développement rural (Minader) Production du blé au Cameroun. Il vise, selon Gabriel Mbairobe, à réduire de 35% les importations du blé qui est la seconde céréale la plus consommée après le maïs, à travers la relance de la production et de la transformation du blé. Il est question de produire près de 350 000 tonnes de blé marchand à l’horizon 2028 au Cameroun.

Aurélien Kanouo Kouénéyé

Mots – clés :

Production du blé

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