Produits de santé : La notification des effets indésirables en baisse

Au premier semestre 2025, seules 550 notifications ont été enregistrées contre 1835 cas pour la même période en 2024, soit une baisse de 70%. Une diminution des cas qui selon des professionnels de santé limite leur capacité à identifier rapidement les risques liés aux produits sanitaires.

Les alertes liées aux effets indésirables (Ei) des produits de santé connaissent un recul préoccupant. Selon les données de la Direction de la Pharmacie et du médicament du Cameroun (Dpml), seules 550 notifications ont été enregistrées au premier semestre 2025, contre 1835 cas pour la même période en 2024, soit une baisse de 70%. « Moins de signalement ne veut pas dire moins de cas. Cette diminution limite plutôt la capacité à identifier rapidement les risques liés aux produits de santé », relativise une source pharmaceutique qui a requis l’anonymat.

Cette baisse est quasi généralisée sur le territoire national car neuf régions sur dix sont concernées. Alors que l’Adamaoua part de 69 à 62 effets indésirables notifiés, le Littoral passe de 365 à 103 cas, le Sud-Ouest de 310 à 09 cas, soit une baisse de plus de 300 notifications. « Certains réagissent souvent mal aux traitements mais ces cas ne sont pas toujours rapportés », confie une source médicale.

 Réunis à Yaoundé du 20 au 22 août 2025, lors de la réunion de coordination semestrielle du système national des vigilances, les experts ont évoqué l’inégalité dans la collecte et le suivi des Ei à l’échelle nationale. Les gaps constatés sont attribués à plusieurs contraintes, au nombre desquelles : la faible remontée des données, les difficultés inhérentes aux financements de la prise en charge des EI, l’absence de ressources pour la conduite des activités de vigilances, etc. Ces difficultés sont accentuées par la méconnaissance de l’importance des vigilances, une communication inappropriée autour des Ei, entre autres.  « Pour un pays comme le Cameroun membre du Programme mondial de pharmacovigilance depuis 2018, la chute de ces signalements est une menace à ne pas négliger », croit savoir Dr Xavier Ndongo, pharmacien.

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Malgré ces défis, des actions continuent d’être menées par des programmes de santé tels le Programme élargi de vaccination (Pev) et le Programme national de lutte contre le paludisme (Pnlp) qui multiplient des visites de supervision dans les formations sanitaires. A ces actions s’ajoutent des sessions de formation et de sensibilisation des divers acteurs du système de santé, la vérification des conditions de conservation des médicaments et de leur mise sur le marché.

Au terme des échanges et face aux défis recensés, il a été convenu de renforcer la coordination entre  les acteurs du système de vigilances, et de renforcer les capacités des personnels de santé en matière de vigilances. Les experts soulignent que le succès des dites vigilances repose autant sur les moyens techniques et financiers que sur la sensibilisation des acteurs de terrain, rappelant que chaque notification d’effet indésirable peut contribuer à sauver des vies. Selon l’Organisation mondiale de la santé (Oms), les effets indésirables médicamenteux représentent 5% des hospitalisations dans le monde.

Mélanie Ambombo

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