Ressources naturelles : le Cameroun peine à maîtriser toutes les chaînes de valeurs
Les caractéristiques du contrat extractif, présenté comme un instrument juridique et aussi un élément de valorisation des ressources naturelles au Cameroun comme dans la plupart des pays africains, rendent souvent difficile l’exploitation de ses ressources naturelles, selon les experts.
Le Cameroun négocie souvent des contrats extractifs avec un certain nombre d’entreprises. Mais ces accords mettent généralement beaucoup de temps avant d’être mis en application. Parfois, il les renégocie, voire, dans certains cas, il n’y a tout simplement pas de début d’exploitation ou alors le Cameroun se trouve face à la justice. « Le projet d’exploitation du minerai de fer de Mbalam est là pour témoigner cette situation problématique à laquelle le Cameroun est souvent confronté », confie le Dr Jean Victoire Batoum Biyiha, spécialiste des droits miniers et Avocat des droits des affaires.
C’est au vu de ce constat que l’institut des matières premières de Douala a organisé du 24 au 27 juin 2025 à Douala, le forum africain de droit des ressources naturelles. Placé sous le thème, la pratique des contrats extractifs en Afrique face aux enjeux du développement, ce forum vise à faire des contrats un véritable levier de développement pour la protection des intérêts de l’État et de ses populations.
A en croire le Pr. Etienne Joël Atangana, expert en droit des énergies, le contrat en lui-même n’est pas un problème en tant que tel, mais le véritable problème réside dans les clauses qui y sont intégrées et qui permettent de défendre les intérêts de l’État, des nationaux et des acteurs locaux.
Parmi les défis liés aux contrats extractifs, relève le Dr Jean Victoire Batoum Biyiha, il y a la maîtrise de la technologie qui reste un obstacle jusqu’à aujourd’hui, puisque le Cameroun n’a pas encore une compagnie nationale véritable orientée vers l’exécution et l’exploitation des ressources que ce soit la Société Nationale des Hydrocarbures (SNH) ou alors la Société Nationale des Mines (SONAMINES) récemment créé.
A en croire le Dr Ahamadou Mohamed Maiga, spécialiste en droit minier, les compagnies minières ou extractifs sont là pour leurs intérêts et non pour les besoins de l’Etat, c’est pourquoi il faut que l’Etat met l’accent particulier sur le renforcement des compétences techniques et financière afin de comprendre réellement les closes de confiances.
La transparence et la gouvernance demeurent également un défi. « Le Cameroun vient d’être retiré récemment dans l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE), donc ça veut dire qu’il règne encore une sorte d’opacité dans le cadre de la signature et de l’exécution des contrats extractif au Cameroun », souligne le Dr Jean Victoire Batoum Biyiha.
La confidentialité autour des contrats, souvent signés sans une compréhension claire de leur portée, constitue un autre obstacle à une gestion transparente. Pour remédier à ces lacunes, souligne le Pr. Etienne Joël Atangana, il faut une réforme en profondeur du cadre juridique, une formation renforcée des acteurs nationaux et une gouvernance basée sur la souveraineté et la transparence.
Hyacinthe TEINTANGUE (stagiaire)
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