Routes communales : plus de 75% en mauvais état au Cameroun

Selon le ministre des Travaux publics, Emmanuel Nganou Djoumessi, à peine 24,2% de leur linéaire est en bon ou moyen état. Une réalité derrière laquelle se cache l’impraticabilité de certaines de ces routes en saison pluvieuse limitant ainsi l’accès des populations à certains services.

 Partie de Yaoundé le 14 septembre 2025 pour Voundou, à Mbangassina dans le Mbam et Kim, région du Centre au Cameroun afin d’y acheter des vivres frais, colette Ombolo n’est toujours pas de retour,  cinq jours plus tard. Cette revendeuse au marché du Mfoundi raconte que son vieux pick-up s’est une énième fois embourbé sur une piste impraticable. Elle doit alors transporter ses sacs de manioc et patates, ainsi que ses régimes de plantain et banane sur une moto. « Cela nous a pris quatre jours supplémentaires et certains produits sont arrivés abimés », témoigne la quinquagénaire la mine dépitée.

Cette scène fréquente sur l’ensemble du territoire en saison des pluies, illustre le calvaire des usagers face à l’état désastreux des routes communales.

En début septembre, Emmanuel Nganou Djoumessi, le ministre des Travaux publics (Mintp) a dressé un bilan globalement positif du réseau routier national : 71,3% des routes nationales sur un linéaire bitumé satisfaisant à 80%, sont en bon ou moyen état. 45,1% des routes régionales affichent également un état satisfaisant dont 67% pour la partie bitumée.

Mais les routes communales, qui constituent pourtant le réseau le plus dense avec près de 98 535 Km bitumés, à peine 24,2% de leur linéaire est en bon ou moyen état. Autrement dit, plus de trois quarts de ce réseau routier est difficilement praticable.

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Une situation qui pèse lourdement sur les populations rurales. Pour Zacharie T, cacaoculteur dans le Mbam et Kim, chaque voyage vers le centre de collecte devient un parcours du combattant. Dans cette partie du pays, au-delà de la perte des revenus agricoles, d’autres secteurs sont affectés. En éducation, on dénombre l’absentéisme scolaire accru en saison pluvieuse. Sur le plan sanitaire, des malades sont transportés sur des motos transformées en ambulances de fortune pour atteindre le centre de santé le plus proche.

Pourtant, entre 2020 et 2024, rappelle le Mintp , 1 958,94 km de routes ont été construites, notamment avec le bitumage des axes tels que Sangmélima-Ouesso. Dans le même temps, 1 036,43 km de routes ont été réhabilitées ou reconstruites, avec l’achèvement de projets tels que les sections Yaoundé-Bafoussam-Babadjou et Maroua-Mora. Quant aux ouvrages d’art ; 4 302,42 mètres linéaires ont été construits ou reconstruits.

Malgré ces efforts, l’ingénieur des travaux publics Rodrigue Tsafack, alerte que les routes communales restent le point faible de la stratégie routière nationale et pourtant, Joseph Pierre Abessolo, spécialiste en développement rural affirme qu’améliorer l’état des routes communales s’est lutter contre la pauvreté et la réduction des inégalités sociales.

« Tant que les villages ne sont pas connectés de façon durable aux marchés et services, tout investissement dans les grands axes aura un impact limité », avertit-il. Pour ce professionnel, le bitumage intégral des routes communautaires est certes très coûteux mais il existe des méthodes alternatives telles que l’usage des matériaux locaux et l’entretien préventif régulier.

Mélanie Ambombo

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