Le personnels de santé pour 10 000 habitants dans l’Adamaoua

Dans cette région comme dans les autres parties du pays, les formations sanitaires souffrent d’une pénurie accrue de la ressource humaine qui plombe leur bon fonctionnement personnels de santé dans l’Adamaoua. Chose qui selon un directeur d’hôpital déteint directement sur la qualité des soins administrés aux patients.

Pour une population estimée à 1 608 269 habitants, la carte sanitaire de l’Adamaoua qui s’étend sur une superficie de 63 701 km² compte 230 formations sanitaires, dont 167 publiques, 36 privées confessionnelles et 26 privées laïques, réparties dans 11 districts de santé, selon le ministère de la Santé publique (Minsanté).

Dans le détail, on dénombre un Hôpital régional et 03 hôpitaux régionaux annexes des districts de santé de Meiganga, Banyo et Tibati.  En plus du Centre hospitalier régional (Chr) de Ngaoundéré, s’ajoutent 08 hôpitaux de district (04 publics et 04 privés confessionnels), 23 Centres médicaux d’arrondissement (Cma) et 190 Centres de Santé Intégrés (Csi).

Malheureusement, il manque de la ressource humaine pour faire fonctionner ce dispositif sanitaire. Dans cette région, le Minsanté reconnait que le ratio personnel de santé/population est de 4 pour 10 000 habitants. Les deux plus grands effectifs étant les aides-soignants (221). Et s’agissant de spécialiste la situation de la région est très alarmante avec seulement un urologue, un néphrologue, un neurochirurgien, un chirurgien orthopédiste, entre autres.

A en croire un directeur d’hôpital qui a requis l’anonymat, cette pénurie déteint directement sur la qualité des soins administrés aux patients. De plus, ajoute ce médecin chirurgien, cette pénurie de personnel soignant a pour conséquence directe la surcharge de travail sur le personnel en poste. « A force de tout faire à la fois, il y a aussi de forte chance que l’on se retrouve face à des erreurs médicales », ponctue ce médecin qui recommande pour une sortie de crise le recrutement du personnel dans le domaine médial et leur formation pour une intégration plus efficace.

En effet, cette situation est loin d’être l’apanage de la région de l’Adamaoua.  Dans une étude intitulée « The health workforce status in the WHO African region : findings of a cross-sectional study » , parue en 2022, l’Organisation mondiale de la santé (Oms), a constaté une « grave pénurie d’agents de santé en Afrique ». Une pénurie très accrue au Cameroun selon cette étude. Il ressort de ce rapport que le Cameroun est à moins d’un personnel de santé pour 1 000 habitants bien loin de la norme de l’Oms qui place le seuil de densité minimum à atteindre à 4,45 personnels de santé pour 1 000 habitants pour prétendre garantir des soins adéquats.

Si l‘Oms explique cette situation par la faible capacité de formation, la forte croissance démographique, la migration internationale des professionnels de la santé et la mauvaise gouvernance, un médecin qui a requis l’anonymat, fait observer que cette situation s’explique aussi par le fait que le gouvernement a suspendu le recrutement systématique des médecins à la Fonction publique depuis 2020 alors que le déficit du personnel médical augmente de jour en jour.

A ce propos, lors de son passage devant la Commission des finances et du budget de l’Assemblée nationale, le 1^er décembre 2021, le Minsanté, Manaouda Malachie, a admis que le système de santé camerounais connaît un déficit de 55 000 personnels.

Mélanie Ambombo