La prise en charge des affections bucco-dentaires, reste un fardeau financier à en croire les patients, qui peinent à suivre régulièrement leur soin dans les hôpitaux publics.

« Toutes les opérations pour les soins dentaires nécessitent un coût élevé. C’est une charge qui me met dans une situation inconfortable », confie Arnaud T., rencontré ce mercredi 19 mars 2025 à la salle d’attente de consultation bucco-dentaire de l’hôpital Laquintinie de Douala. Depuis vingt ans, Arnaud lutte contre des maladies dentaires récurrentes. Après avoir perdu son assurance maladie, il est aujourd’hui confronté à des dépenses exorbitantes. « J’étais ici il y a presque deux mois, où j’ai déboursé près de 200 000 F Cfa. Mais je constate que les composites qu’ils ont mis ne sont pas efficaces », déplore Arnaud T.

Aussi en attente de consultation ce jour-là, Adriana, une autre patiente, « subit des affections bucco-dentaires depuis pratiquement 2 ans ». « Souvent, je prends quelques médicaments de la rue pour calmer la douleur quand je ne peux pas aller à l’hôpital, mais ça n’arrange pas grand-chose », avoue Adriana qui ne parvient pas à payer les frais nécessaires pour son traitement. Comme elle, nombreux sont les patients qui se tournent vers des solutions précaires, parce qu’incapables de  s’offrir des soins dentaires de qualité.

Selon le Dr Simon Tonye, Médecin stomatologue, Chef de service des maladies bucco-dentaires à l’hôpital Laquintinie, l’hôpital Laquintinie accueille chaque mois, environ 100 patients pour des soins dentaires. Cependant, tous ne parviennent pas à suivre les traitements recommandés. Une situation déplorable pour ce médecin, qui pense que l’inflation que traverse le pays, est l’une des causes principales de cette hausse des prix. « Il y a certains qui coopèrent et d’autres qui ne coopèrent pas à cause des moyens financiers, et d’autres par peur (…) c’est pour ça qu’on organise souvent des campagnes gratuites et des soins à coût réduit », précise le Dr Simon Tonye.

Cependant, souligne ce stomatologue, des mesures sont prises pour alléger la charge financière des patients dans cet établissement hospitalier. « Il y a un comité actuellement mis en place pour la réduction des coûts des soins à l’hôpital Laquintinie », révèle-t-il. Cette initiative, dit-il, prend en compte plusieurs aspects : « Le volet social, le volet médical et le volet humain ».

Au Cameroun, regrette le Dr Simon Tonye, les affections bucco-dentaires sont souvent liées à une mauvaise hygiène de vie, d’où l’importance de se brosser souvent les dents et de consulter régulièrement un dentiste. En rappel, la maladie bucco-dentaire est toutes pathologies ou affection qu’on retrouve dans la bouche. En Afrique, elle est la 3^e pathologie la plus répandue, avec un taux d’environ 44 % de la population est affectée.

Dans une volonté de sensibilisation et de mise en place des mesures pour alléger le poids financier des patients face aux maladies bucco-dentaires, l’hôpital Laquintinie a organisé, du 17 au 20 mars 2025, une grande campagne de consultation bucco-dentaire gratuite, dans le cadre de la célébration de la journée mondiale de la santé bucco-dentaire.

Hyacinthe TEINTANGUE (stagiaire)