Santé mentale : les enseignants outillés pour repérer les signes précoces
Avec une prévalence de 1 % de troubles du spectre autistique au Cameroun, le Centre Multifonctionnel de Bepanda a organisé un séminaire de formation destiné à sensibiliser les parents et à renforcer la capacité des enseignants à repérer précocement les signes d’alerte.
« J’ai vécu un stress constant tout au long de l’année scolaire dernière », confie Carine T., enseignante dans une école primaire à Douala, ce mardi 26 août 2025, lors d’un séminaire-de formation au Centre Multifonctionnel de Bepanda dans l’arrondissement de Douala 5e. Selon elle, durant l’année scolaire 2024-2025, un élève de sa classe se lève fréquemment de façon soudaine et pousse des cris de manière inconsciente. Une expérience sans précédent pour cette enseignante. « Les parents inscrivent souvent leurs enfants sans vraiment préciser les problèmes qu’ils rencontrent à la maison. C’est donc à nous, les enseignants, de gérer ces situations imprévues », explique-t-elle.
A l’instar de ce cas, de nombreux enseignants ont témoigné d’une recrudescence des incidents similaires. Selon Simon un autre enseignant, cette situation est en partie attribuable à l’absence d’une structure nationale de formation spécialisée pour les enseignants. « Bien que le Cameroun dispose d’écoles inclusives, les enseignants ne sont pas suffisamment formés pour répondre aux besoins spécifiques des élèves en situation de handicap ou de besoin particulier, ce qui constitue un défi majeur pour leur prise en charge adéquate », confie cet enseignant.
Pour permettre à ces enseignants qui sont les premières personnes en contact avec les enfants, aux côtés des parents, de repérer tôt les signes d’alerte des troubles mentaux pour orienter les enfants vers les centres d’éducation spécialisés, le Centre Multifonctionnel de Bepanda à organiser sous le parrainage de la mairie de Douala un séminaire-ateliers de formation du 26 au 28 août 2025. Cet atelier s’est tenu sous le thème : « Repérer pour mieux accompagner : détection précoce des signes d’alerte du trouble du spectre de l’autisme et des troubles associés chez le jeune enfant ». « Nous sommes face à un problème, et l’atelier nous permet d’apprendre à faire des repérages précoces. Nous avons donc constaté qu’il y a beaucoup de facteurs, ce qui rend la problématique très complexe. Si l’on cherche à comprendre le pourquoi », explique Alice Mbappe Eyoum, inspectrice principale des affaires sociales sous-direction de la commune urbaine de Douala.
Selon le Dr Christian Eyoum, psychiatre, il ne suffit pas qu’un enfant soit malentendant ou adopte un comportement différent pour être diagnostiqué autiste ou affecté des troubles neurodéveloppementaux. Le processus nécessite d’identifier plusieurs signes et facteurs pour un diagnostic précis.
Chaque enfant, relève le Dr Gam’s Massi Daniel, neurologue, à des besoins spécifiques, même avec des signes similaires, et un parcours diagnostique adapté est essentiel pour détecter tous les troubles. Il insiste aussi sur l’importance d’orienter les parents vers des professionnels compétents pour un diagnostic précis et des solutions adaptées, afin d’éviter que la situation ne s’aggrave.
Hyacinthe TEINTANGUE (stagiaire)







