Chute drastique des recettes pétrolières annoncées dès 2026

D’après l’expert en pétrole et mines Bareja Youmssi cette prévision du Document de programmation économique et budgétaire à moyen terme 2025-2027 est la conséquence directe du tarissement des puits Le Cameroun exposé à une baisse des recettes pétrolières ©SCDP. Pour la relève de ce secteur, il recommande une gestion transparente.

Après avoir collecté 877 milliards de F C en 2023, entre les revenus de la Société nationale des hydrocarbures (622,8 milliards F Cfa) et les impôts sur les sociétés pétrolières (254,2 milliards F Cfa), les prévisions gouvernementales prédisent 801 milliards F Cfa à attendre à la fin de l’année 2024 en cours. Et selon le Document de programmation économique et budgétaire (DPEB) à moyen terme 2025-2027, produit en juillet 2024 par le ministère des Finances (Minfi), ces recettes devraient drastiquement baisser à partir de 2026 en ne totalisant que 612,5 milliards F Cfa avant de chuter plus bas, en deçà de 600 milliards F Cfa en 2027.

« Le Cameroun est victime de l’absence d’une stratégie claire de développement de son secteur tant pétrolier que minier. Nous sommes encore l’un des rares pays producteur du pétrole au monde sans un ministère du pétrole ou ministère des mines et du pétrole », réagit l’expert en pétrole et mines, Dr Bareja Youmssi.

Toujours dans l’explication de la chute des recettes du secteur pétrolier prédites, Dr Bareja Youmssi, relève que le secteur pétrolier au Cameroun n’est plus attractif car miné par la non transparence et la corruption. La conséquence directe étant donc, le tarissement des puits, la baisse de la production.  « Aussi, les cours du pétrole sur le long terme baissent (Le baril du pétrole brut est prévu pour 60-70 dollars en 2025 contre 94 dollars en 2022 et 77 dollars en 2023). Donc, la baisse de la production associée à la baisse des prix du pétrole brut ne peut qu’impacter négativement sur les recettes pétrolières », dit-il.

La production pétrolière du Cameroun qui représente 17,6% des recettes budgétaires internes du Cameroun en 2023, selon le Rapport sur l’état de la compétitivité de l’économie camerounaise en 2023, publié par le ministère de l’Economie, de la planification et de l’aménagement du territoire (Minepat), est en danger. « Nous avons un potentiel de pétrole et gaz non exploré. Nos réserves prouvées en pétrole subissent un déclin depuis 20 ans. Aujourd’hui avec une production de 80.000 barils de pétrole par jour, nous n’avons plus que 10 ans pour épuiser ces réserves et de basculer dans la catégorie des pays non producteur de pétrole si entre temps d’autres gisements ne sont pas découverts et mis en exploitation », souligne Dr Bareja Youmssi.

Cet expert précise qu’entre la recherche à la découverte d’un gisement jusqu’à sa mise en exploitation, il faut compter au moins 20 ans de travail sans relâche.  « Vous conviendrez avec moi qu’il est impossible d’éviter la baisse de la production » tranche -t-il. Par contre, il nuance en indiquant que si le prix du baril de pétrole augmente considérablement, même avec la baisse de la production, les recettes pétrolières augmenteront ou au pire des cas stagneront.  A cet effet, il pense que la relève du secteur pétrolier camerounais, a besoin d’une vision et d’un leadership fort. Aussi, il doit être attractif avec une gestion transparente.

Pour sa part, l’économiste Paul Kamdem explique que les réserves pétrolières comme les autres ressources naturelles sont des richesses épuisables et d’après lui, depuis le milieu des années 1980, ce secteur se détériore au Cameroun. « À cet égard, l’Etat du Cameroun doit pourvoir compter sur le secteur non-pétrolier tel que l’agriculture et la transformation du bois », conseille t’il.

Mélanie Ambombo