Septentrion : Le Minesec instruit la contre-expertise des dossiers médicaux des enseignants

Le Minsec instruit la contre-expertise des dossiers médicaux des enseignants Septentrion
Cette décision de la Ministre des Enseignements secondaires prescrite dans le but de limiter les cas d’absences au poste dans cette partie du Cameroun, est diversement appréciée par les enseignants, qui préconisent plutôt l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail .
L’Adamaoua, le Nord et l’Extrême-Nord sont au regard des statistiques des 10 dernières années les régions les plus faibles du pays aux examens et concours officiels. La ministre des Enseignements secondaires (Minesec), Pauline Nalova Lyonga, y constate aussi, des cas alarmants d’absence de poste que les enseignants justifient par des dossiers médicaux . En réaction, elle a instruit les délégués régionaux de ces trois régions de prescrire la contre-expertise sans complaisance des dossiers médicaux soumis à l’appréciation des inspecteurs médico- scolaires par les enseignants.
A en croire l’enseignant de mathématiques, Désiré Olomo, cette situation, est l’une des conséquences du fait que les affectations dans le Septentrion sont considérées comme disciplinaires. « A y regarder de près, vous verrez que ceux qui désertent leur poste de travail sont majoritairement issus des régions du Centre, Sud, Ouest, Littoral », dit-il . A sa suite, Gerard Pierre Bekono, un autre enseignant, pense qu’il est plus urgent d’améliorer les conditions de travail du personnel de ces régions. Car, déplore Auguste Mbella, enseignant d’anglais dans le Septentrion : « il n’y a pas de tables bancs et pas des salles de classe, loin de ce qui est disponible au grand Sud. Ces disparités font en sorte que les enseignants fuient leur poste de travail ».
L’enseignant Jérôme Philippe Kamdem, quant à lui, analyse la situation sous un autre angle. Il impute cet abandon de postes à la suppression des indemnités auparavant allouées aux enseignants affectés dans les régions qui ne sont pas leur région d’origine. « Cela a provoqué un repli dans les grandes métropoles et il faut aussi admettre que certains hauts cadres du Minesec sont ceux qui entretiennent ce repli en instaurant le monnayage des transferts illicites », confie-t-il.
La réalité est que cette situation creuse d’avantage la pénurie des enseignants dans cette partie du pays. Dans l’Extrême-Nord, par exemple, il est démontré par le Minesec que plus de 200 établissements scolaires n’ont pas de professeurs de mathématiques et plus de 80, dans la même région, n’ont pas de professeurs de Mathematics (section anglophone).
Si un tel handicap peut être mis au rang des causes de l’échec scolaire de manière globale dans cette partie du pays, le proviseur d’un lycée de l’Adamaoua joint au téléphone confesse sous anonymat que cette absence des enseignants cause également un travail supplémentaire à ceux qui sont présents.
Pour un début de solutions, le syndicaliste Joseph Tah propose entre autres d’améliorer les conditions de vie et de travail des enseignants. « Il faut privilégier ces régions en y envoyant par exemple deux à trois enseignants par discipline pour qu’ils puissent souvent se relayer et ramener les indemnités pour les enseignants des zones reculées et leur permettre d’avoir accès à leurs salaires sans avoir besoin de voyager », suggère-t-il .
Mélanie Ambombo







