Vie chère : Le prix de la tomate flambe à l’Ouest
En moins de deux mois, le prix du cageot de tomate a triplé jusqu’à atteindre 16 000 F CFA. La conséquence d’une offre insuffisante face à une forte demande dans cette région, principal bassin de production du pays.
À Bafoussam, chef-lieu de la région de l’Ouest, la tomate s’arrache désormais à prix d’or. Le cageot atteint 16.000 F Cfa, contre 4.000 à 6.000 F Cfa, il y a seulement deux mois, au grand dam des consommateurs. « Je viens d’acheter cinq tomates à 500 F Cfa. Le prix de la tomate donne le vertige », déplore Marthe K, contrainte de changer son menu familial. Face à cette flambée, Christèle, une restauratrice a également réajusté sa carte. « Nous jonglons avec la sauce d’arachide en remplacement de la sauce tomate. Les sauces hachées ont disparu des menus », explique cette restauratrice.
Au « Marché C », « la tomate est rare » sur les étals, constate Ismaël Nguemo, vendeur depuis dix ans. « Nous recevons désormais moins de producteurs. Nous sommes passés de quatre arrivages par jour à un seul, tous les trois jours », relève-t-il.
A en croire Roslin Dsonna, ingénieur agronome, la situation découle d’un déséquilibre entre l’offre et la demande, accentué par la météo. « Les pluies excessives ont compromis les récoltes, tandis que le faible prix enregistré entre avril et juin 2025, a découragé plusieurs producteurs », explique-t-il.
En effet, à cause des pluies, certains producteurs ont préféré jeter l’éponge. « J’ai dépensé plus de deux millions de F Cfa sur deux hectares, et j’ai récolté moins de deux millions de F Cfa », regrette Éric Djou. Ce producteur basé à Foumbot, asphyxié par les dettes, a décidé de jeter l’éponge.
Pour éviter les pertes, l’ingénieur agronome recommande de promouvoir la culture sous abris et l’irrigation maîtrisée pour stabiliser la production. Selon lui, « seule une planification agricole rigoureuse et un appui technique soutenu permettront d’éviter ces pénuries cycliques ».
Selon la Délégation régionale de l’Agriculture et du Développement rural de l’Ouest, en l’absence des récentes données, la production est passée de 217 606 tonnes en 2021 à 217 930 tonnes en 2022. Avec ce rendement, l’Ouest demeure le principal bassin de production du Cameroun, avec 40 % de la production nationale, devant le Nord et le Centre, destinée dans les grandes métropoles du Cameroun et de la sous-région Afrique Centrale.
Aurélien Kanouo Kouénéyé







