Cacao : A Messok, les producteurs perdent 50 000 FCFA par tonne

Cacao : A Messok, les producteurs perdent 50 000 FCFA par tonne

Dans cette localité de la région de l’Est qui présente un hause de production du cacao de près de 200 tonnes, les acheteurs prélèvent la somme de 50 000 F Cfa par tonne pour amortir le coût de transport et la dégradation de leurs véhicules entre Messok et Douala, à cause de l’enclavement de la route.

C’est avec amertume que Modeste Hervé Djamaman, cultivateur de cacao à Messok, parle des réalités de la cacaoculture dans cet arrondissement du département du Haut-Nyong, région de l’Est. « La cacaoculture est notre unique source de revenue et la principale culture de rente qui nous permet de lutter contre la pauvreté et le sous-développement. Depuis 1990, j’ai personnellement créé 12 hectares mais notre grand problème se situe au niveau de la commercialisation », affirme-t-il.

localité de la région de l’Est qui présente un hause de production du cacao

Selon les statistiques de la coopérative des cacaoculteurs de Messok (COOP-CA/ECAM), plus de 180 producteurs sont recensés dans la localité, pour une production d’environ 300 tonnes depuis 2017, contre 100 tonnes avant la création de la coopérative. Cette structure appui chaque année les producteurs avec les intrants et l’encadrement technique. Malheureusement, compte tenu de l’état d’enclavement de la zone, les producteurs liquident le kilogramme de cacao entre 800 et 950 F Cfa. Le prix minimum du kilogramme de fèves dans les bassins de production du Cameroun s’élève 1050 Fcfa. « La grande difficulté ici c’est l’écoulement de notre production. Nous traitons avec les acheteurs intermédiaires parce que les acheteurs agréés n’arrivent pas ici à cause de l’état d’enclavement de Messok. Raison pour laquelle nous vendons le kilogramme de cacao à vil prix », déplore Alidou Djaoro Abdoulaye, président de la COOP-CA/Ecam.

Cacao près de 200 tonnes, les acheteurs prélèvent la somme de 50 000 F Cfa par tonne

Il ajoute pour regretter qu’ « à cause de ce mauvais état du réseau routier, les acheteurs prélèvent 50.000 F Cfa par tonne pour amortir le cout de transport et la dégradation de leurs véhicules entre Messok et Douala ». Le 02 décembre 2021, la COOP-CA/ ECAM a livré sur place à Messok, près de 70 tonnes de cacao de sa production de 2021 à raison de 960 F Cfa le kilogramme avec une retenue de 50.000 F Cfa par tonne. « Sur le 70 tonnes vendues, nous avons perdu environ 3,5 millions F Cfa », se lamentent quelques producteurs, membres de la coopérative avec qui le reporter de Data Cameroon s’est entretenu à Messok.

Source : www.osidimbea.cm

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Cacao Un réseau routier défectueux

Le calvaire des cacaoculteurs de Messok est la conséquence de l’enclavement de cette localité. Créé en 1995, Messok est une commune rurale qui compte 34 villages, soit 20 villages Bantous et 14 pour les Baka avec une superficie de 7800 km2. Messok est situé à 435 km de Yaoundé et 186 km d’Abong-Mbang, chef lieu du département du Haut-Nyong. L’accès à cette localité est un parcours de combattant à cause du mauvais réseau routier. La souffrance du voyageur commence à Abong-Mbang. Les 168 km de route qui séparent les deux localités ne sont pas goudronnés encore moins entretenus. Le voyageur dans un petit véhicule surchargé doit traverser de nombreux bourbiers.

amortir le coût de transport et la dégradation

A partir de Lomié, la distance de 60 km avant Messok se trouve être la plus dangereuses à cause du niveau de dégradation de la route. « Lorsqu’on parcours 800 km entre Messok et Douala avec un camion chargé de cacao, la voiture tombe généralement en ruines parfois en route. C’est pour cela qu’on prélève 50.000 F Cfa par tonnes pour amortir les dépenses d’entretien de véhicule », justifie Jean Pierre Ndema, propriété d’une camionnette. Ce dernier va plus loin en indiquant qu’aucun acheteur de cacao ne peut prendre le risque de mettre sa propre voiture sur la route de Douala à Messok. A en croire Cyprien Bamzok Ntol, coordonnateur du Complexe intégré agropastoral et piscicole (CIAP) de Djoandjila qui dispose d’une antenne à Messok « l’espoir de trouver une solution est bien perçu à travers la rétrocession de l’entretien des pistes rurales aux collectivités territoriales décentralisées. Celles-ci pourraient également apporter un appui en termes de mise à disposition aux producteurs, de camionnette acquise par la commune pour faciliter le transport des produits suivant le modèle de développement participatif ». Selon ses statistiques en 2019, la COOP-CA/ECAM regroupait 145 producteurs qui exploitaient 671 hectares de cacao avec pour objectif à court termes d’accroitre le nombre d’adhérents et de dépasser 1 000 hectares. Ceci afin de lutter contre le sous-développement de Messok n’eut été l’enclavement.

dégradation de leurs véhicules entre Messok et Douala

A la délégation régionale du Commerce de l’Est, on est bien conscient des contraintes liées à la commercialisation du cacao. « Nous avons créé les brigades mobiles dans les départements présidés par les Préfets pour veiller à ce que la production ne se vende pas dans des circuits clandestins », rassure un responsable de la brigade régionale de contrôle. Enfin, pour sauver la filière cacao, le Projet d’appui au développement du cacao (PAD-CACAO) a été créé par le ministère de l’Agriculture et du développement rural (MINADER). Selon Joseph Woumké, son coordonnateur, « ce nouveau projet se veut être l’un des outils opérationnels du MINADER pour le développement de la chaine de valeur cacao au Cameroun ».

Sébastian Chi Elvido à Messok

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