Covid-19 : A Douala, la dizaine d’hôtels réquisitionnés réclament son argent
Source- Repères_Infographie by ADISI-Cameroun

En plus de réclamer des dizaines de millions F Cfa à l’Etat pour les prestations fournies, ces établissements hôteliers retenus pour le confinement des cas suspects, doivent affronter les affres de la crise sanitaire et une marginalisation sociale, à l’origine de la chute drastique de la clientèle.

« En plus des répercussions que subit l’industrie de l’hôtellerie camerounaise, le passage des passagers infectés continue d’avoir un impact négatif sur l’affluence de l’hôtel », déplore Claude Balock, le directeur de l’Hôtel Lumière d’Akwa. Cet établissement hôtelier situé en plein cœur de Douala, a rouvert ses portes au public depuis septembre 2020, près de 5 mois après avoir été réquisitionné dans la cadre de la riposte contre la Covid-19.

Dans son bureau ce 21 octobre 2020, ce responsable cogite sur une stratégie de communication qui va non seulement ramener sa clientèle, mais surtout redorer le blason de cet établissement 2 étoiles. Depuis sa réouverture, l’Hôtel Lumière porte encore les stigmates de la Covid-19. « La réputation d’avoir été réquisitionné par l’Etat dans le cadre de la riposte contre la Covid-19 a éloigné les clients. L’Hôtel est presque mort », regrette le responsable.

Pourtant, avant la reprise des activités, cette structure a bénéficié des opérations de nettoyage et de désinfection. Mais cela n’empêche pas que les clients continuent de l’esquiver. Au lieu du plein régulièrement enregistré avant la survenue de la pandémie, cette structure compte à peine 1 à 2 clients par jour.  Un taux de fréquentation très bas, pour une entreprise confrontée aux tensions de trésorerie, conséquence de la crise sanitaire qui plombe l’industrie de l’hôtellerie et des mois d’inactivité consacrés à la prise en charge des voyageurs mis en quarantaine.

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Près de 10 chambres ont été réquisitionnées à l’hôtel Lumière.  Ses nuitées oscillent entre 25-45 mille F Cfa. C’est dont plus d’une dizaine de millions de dette cumulée dans le cadre de la riposte contre la Covid-19.  Comme dans la plupart des établissements hôteliers de la capitale économique, une partie du personnel a été mise en chômage technique. Ceux en service s’activent au quotidien pour faire revivre la structure.

Subvention

Une tâche pas du tout aisée, surtout avec la psychose de la Covid-19 qui continue de hanter la population, croit savoir l’un des responsables de l’Hôtel Beauséjour Mirabel situé à Akwa. Installée à l’accueil, cette dame qui a requis l’anonymat feuillète un magazine en espérant voir arriver un potentiel client. L’ambiance est timide.  La terrasse de cet établissement 3 étoiles, souvent bondée de client, est quasiment vide. L’hôtel n’accueille plus depuis plusieurs mois déjà les personnes soumises à une quarantaine. Près de 20 chambres avait été occupée, sur la période allant du 17 mars au 2 avril 2020. Les factures des prestations fournies pendant cette période attendent toujours d’être payées.

Malgré la reprise de ses activités, son action en faveur de la riposte contre la Covid-19 « fait fuir ses clients ». Le taux de fréquentation est passée de 60% avant la pandémie à 5% actuellement. Une situation qui a conduit à une réduction du personnel, de 30 à 10. Selon notre source, Le Beauséjour-Mirabel a perdu des millions depuis le début de la crise et attend toujours le geste gouvernemental. « On souhaite que l’Etat nous subventionne et que nous soyons exonérés de certaines taxes », souhaite cette responsable.

A Douala, le gouverneur de la région du Littoral a opté pour une « réquisition administrative » d’une dizaine d’hôtels, pour la plupart de standing deux et trois étoiles, pour accueillir les voyageurs principalement en provenance de l’Europe.  Entre autres, l’Hôtel Onomo, Jet hôtel, Lumière Joss Bonanjo, Afrique hôtel, Akwa Palace, l’hôtel Akéna City. Cependant, les retombées financières tardent à se concrétiser. « On a perdu beaucoup de clients, mais les activités reprennent progressivement », explique une employée d’Akéna City.

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La délégation régionale du Tourisme et des Loisirs pour le Littoral n’a pas souhaité s’étendre sur ce sujet. Néanmoins, le circulaire n° E-0342 du Ministre d’État, Ministre du Tourisme et des Loisirs adressé aux délégués régionaux pour diffusion, définit les critères d’éligibilité pour la dotation du Fonds de solidarité nationale pour la lutte contre le Coronavirus et ses répercussions économiques et sociales. D’après ce circulaire, les établissements de tourisme désireux de bénéficier de cette dotation en plus d’être autorisés et à jour de la production des statistiques et du paiement des charges sociales et fiscales, doivent entre autres, être un hôtel dont la clientèle est essentiellement internationale, avoir accueilli les patients Covid-19 ou les mises en quarantaine, être pressentis pour accueillir les délégations de la Can 2022 et du Chan 2021. Une mesure moins rassurante pour certains responsables d’hôtel, qui craignent de ne pas percevoir la totalité de leur facture.

Marie Louise MAMGUE

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