Covid-19 : Plus de 90% des UPEC sans véhicule

Avec une population estimée à près de 1,2 millions, représentant 23% du territoire national, cette région sanitaire, classée parmi les plus touchées par la pandémie du coronavirus ne dispose pas de moyens de locomotion dans les 14 unités de prise en charge.

Compte tenu de sa position géographique, frontalière avec la République Centrafricaine (RCA), le District de santé de Garoua-Boulaï est l’un des plus exposés à la pandémie du coronavirus à cause du brassage des populations. Chaque semaine et selon les statistiques du parc à camion de la ville, des centaines de chauffeurs en transit pour la RCA séjournent à Garoua-Boulaï. Egalement, les ressortissants de ce pays voisin traversent la frontière par centaine chaque jour pour se ravitailler en marchandises au marché local de Garoua-Boulaï.

Ce brassage des populations sans aucun respect des mesures barrières, rend cette ville très vulnérable à la contamination au Covid-19. « Depuis le début de la crise, nous avons effectué des tests sur plus de 650 personnes avec 105 cas positifs et un décès. Par ailleurs le poste de santé à la frontière (PSF), fonctionne 7/7 et effectue en moyenne 100 tests par jour avec un pic de 180 tests durant les jours d’affluence », affirme Amadou, infirmier à l’hôpital de District de Garoua-Boulaï.

Malheureusement, ce District de santé, transformé en unité de prise en charge (UPEC) ne dispose pas d’un moyen de locomotion pour transporter les malades sévères à l’hôpital régional de Bertoua, situé à environ 270 kilomètres pour la prise en charge adéquate. Le District de santé de Batouri, situé à 100 kilomètres à l’Ouest de Bertoua est exactement dans la même situation. « Nous n’avons pas un véhicule spécifiquement dédié à la lutte contre le Covid », précise un responsable administratif de cet hôpital.

Partenaire

Selon Dr Mbita Gislain Lionnel, chef section des opérations au système de gestion de l’incident Covi-19 à l’Est, « le manque de véhicules, les longues distances, la vaste étendue, l’enclavement de la région de l’Est et le manque du personnel sont les principales difficultés rencontrées par cette région sanitaire ». Celui qui est également le coordonnateur du Centre régional de prévention et de lutte contre les épidémies et les pandémies (CERPLE) reconnait qu’ « en début de la crise, c’est l’ambulance du HCR à travers African humanitarian action (AHA) qui permettait d’amener les échantillons au Centre Pasteur à Yaoundé. Par la suite, les partenaires ont mis à la disposition du SGI régional, des véhicules pendant une période. Il s’agit d’Africa CDC, 2 véhicules, L’OMS 4 et Plan Cameroon 2. Ces appuis sont venus s’ajouter aux véhicules de tous les programmes de santé réquisitionnés pour un total de 17 véhicules pour l’intervention dans toute la région. Mais à l’heure actuelle, tous les partenaires ont retiré leur apport et il ne reste que 4 véhicules de l’OMS dont le contrat prend aussi fin à la fin du mois de septembre. Il faut aussi noter que les véhicules des partenaires ne circulent pas à partir de 18 heures ».

Situation épidémiologique

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Selon le Dashboard qui présente quotidiennement la situation épidémiologique, la région de l’Est à la date du 23 septembre 2020 a réalisé un total de 37,333 tests dans les 14 unités de prise en charge. De ce nombre, 1111 cas positifs cumulés ont été détectés, 1016 guérissons, 67 cas actifs, 54 personnels de santé touchés et 28 décès. Après analyse il est à noter que le nombre de personnes testées, preuve de la prévalence de cette maladie est en nette augmentation car, à la date du 14 août 2020 lors de la visite du ministre de la santé publique à l’Est et selon le Dr Annicet Désiré Mintop, délégué régional, le nombre des tests effectués était de 12 185 cumulés. Un nombre qui a pratiquement triplé un mois après. Dans son édition de lundi 14 septembre 2020 sous le titre « deuxième vague de contamination, le risque est réel », le quotidien gouvernemental Cameroon Tribune a affirmé que « les régions de l’Est et de l’Ouest retiennent une attention particulière parce qu’elles sont les plus affectées à ce jour ».

Déficit infrastructurel

La population de l’Est selon le système d’information sanitaire est estimée à 1.146.981 habitants et une superficie de 109 002 km2 pour seulement 14 Districts de santé. A cette population s’ajoute plus de 250.000 réfugiés centrafricains installés dans 5 camps de réfugiés. Au-delà de l’absence des moyens de locomotion, cette région sanitaire ne dispose que de 209 lits dédiés aux malades du Covid-19 dont 40 sont au niveau du Centre régional d’isolement et de prise en charge des malades Covid et d’autres pathologies nécessitant l’isolement à l’hôpital régional de Bertoua. C’est cet unique Centre qui est capable de prendre en charge les cas des malades sévères. Au niveau du District de Batouri et selon le surveillant général, « avec le déclanchement de la crise, seules 6 salles avec douche interne ont été aménagées. 40 chambres en construction par le HCR sont encore en chantier à la date du 14 septembre 2020 ». Par ailleurs, parmi les Districts de santé transformés en UPEC, seuls, Batouri, Abong-Mbang, Yokadouma, Garoua-Boulaï et Nguélemendouka ont des concentrateurs d’oxygène capables de prendre en charge des cas modérés du Covid-19.

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Sébastian Chi Elvido à Bertoua

Travaux réalisés dans le cadre du projet « Fact and Check Covid-19 Cameroun » avec le soutien financier de l’AFD et le soutien technique du PAGOF, CFI et Expertise France.

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