Elections 2020 : Affaibli à la Présidentielle 2018, le SDF joue son avenir aux élections locales.

Le double scrutin municipal et législatif du 9 février 2020 sera décisif pour le SDF, fragilisé à la Présidentielle de 2018, avec un résultat de 118 706 votants (3,35%).

Classé 4e à la Présidentielle du 9 octobre 2018, respectivement (selon les résultats officiels d’Election’s Cameroon (ELECAM)) derrière le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), arrivé largement en tête avec 2 521 934 voix sur 3 590 427 votants, soit un pourcentage de 71, 25 %, le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) qui a obtenu  503 384 voix soit 14, 23 % et  L’Univers qui est crédité de 221 995 voix, soit 6, 28%, le Social Democratic Front (SDF) habitué à la 2eposition  depuis 1992, a perdu sa place de leader de l’opposition camerounais. Le parti de l’emblématique opposant, John Fru Ndi, conduit par Osih Joshua, a obtenu 118 706 voix, soit 3,35%, à ce scrutin qui a permis à Paul Biya de décrocher un 8e mandat de 7 ans. Une chute considérable de cette formation conduite en 2011 par son président qui avait enregistré 518 175 voix, soit 10,71%.

Après cette déchéance électorale, les Municipales et Législatives 2020 vont être décisives pour cette formation, qui compte 18 députés à l’Assemblée nationale contre 43 en 1997, 22 en 2002, et 16 en 2007. « Nous sommes comme une équipe qui veut aller de l’avant, nous ne travaillons pas par rapport à ceux qui veulent aller en compétition. Nous travaillons pour améliorer notre position d’antan », soutient Justin Youmsi, président de la circonscription électorale de Douala 3e, et candidat SDF aux municipales.

Les socialistes qui voient leur position s’effriter à chaque échéance électorale, ont en effet, la chance de redorer leur blason avec le boycott du MRC, qui se positionne désormais comme le principal leader de l’opposition, à en croire Dr Ambroise Louison Essomba, analyste politique, chargé de cours au département de Droit public à l’Université de Douala. « Avec la non-participation du MRC à ce double scrutin, je reste convaincu que le SDF peut grapiller quelques mécontents de ce parti pour pouvoir se positionner et faire un score très amélioré par rapport à la Présidentielle. Donc, contrairement à la Présidentielle, il pourrait engranger quelques suffrages venant du MRC», analyse-t-il.

Cependant,le choix du SDF, relève ce juriste, de participer aux élections malgré la crise anglophone dans les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest, pourrait être un sérieux handicap pour ce parti politique dont le bastion électoral est les deux zones en crise. « L’argument fondé sur la résolution de la crise anglophone avant la participation au double scrutin, devait être un argument de poids. Ce parti n’aurait pas pu prendre part à ces élections au regard de l’insécurité qui sévit dans ces régions. Il n’a pas voulu faire la politique de la chaise vide, pour des raisons d’histoire, après le mauvais sort connu en 1992, lié à son boycott. Mais, je pense qu’il était de bon ton que la question de la crise anglophone soit résolue pour permettre aux uns et aux autres, de participer sereinement à ce double scrutin », note Dr Ambroise Louison Essomba.

Malgré la menace qui pèse sur les candidats socialistes dans les zones anglophones, le SDF poursuit son opération de charme dans le reste du pays. Dans le département du Wouri, le parti est en lice dans 5 des six circonscriptions électorales. Son candidat à la Présidentielle, Osih Joshua fait partie des prétendant aux Législatives de Douala 1er.  Le Sdf qui contrôle la Mairie de Douala 3e, convoite également 5 des 6 communes du Wouri. Après le boycott du MRC, le scrutin du 9 février 2020 sera l’occasion pour cette formation, de glaner encore plus de place, mais surtout   de résister face au parti au pourvoir, le RDPC, son principal challenger à ces élections, qui dirige 305 communes sur les 360 que compte le Cameroun.

Marie Louise MAMGUE