Municipales et législatives 2020 : Les partis politiques se parent pour contrer la fraude

Pour limiter les risques de fraude dans les 3178 bureaux de vote de la région du Littoral, lors du double scrutin électoral du 9 février 2020, certains partis politiques de l’opposition misent sur une forte mobilisation de leurs représentants pour sécuriser leur suffrage.

Quelle attitude adopter dans un bureau ou centre de vote ? comment surveiller et sécuriser le suffrage des électeurs… Ces éléments devront être inculqués à près de 1064 représentants du Social Democratic Front (SDF), parti de l’opposition camerounais, qui veilleront au bon déroulement du double scrutin législatif et municipal du 9 février 2020, dans l’arrondissement de Douala 3e, qui regorge 532 bureaux de vote. A quelques jours des élections, ces scrutateurs bénéficient d’une formation accélérée à la permanence dudit parti dans l’arrondissement de Douala 3e. « Vue les difficultés que nos représentants ont souvent sur le terrain, nous avons décidés de les former à la veille des élections, pour qu’ils aient encore la mémoire fraiche le jour J pour mieux remplir leur fonction. Nous avons recensé et classé les scrutateurs par bureau de vote.  Ils seront formés par vague de 60 personnes pendant 3 à 4 jours »,explique Justin Youmsi, président de la circonscription électorale de Douala 3e, et candidat aux municipales.

En plus de séduire un peu plus d’un million d’électeurs du Littoral, le parti de John Fru Ndi a pensé en amont, à sécuriser ses votes. Pour limiter les cas de fraude dans les 3178 bureaux de vote (Elecam-Littoral) de la région du Littoral, le président régional du SDF pour le Littoral,Jean Michel Nintcheu, a créé la Brigade anti-fraude(BAF), dont le but est d’inciter les militants et sympathisants à surveiller leur vote pendant et après les élections. « Je voudrai mettre en garde Elecam, et surtout les fraudeurs.  J’ai créé la BAF. Cette fois, nous devons vigilance, et à Douala 3e, et à Douala 5e », a déclaré ce député sortant et candidat à Wouri-Est, au cours d’un meeting mercredi 5 février 2020.

En effet, la problématique de la fraude électorale est au cœur des préoccupations des partis politiques en lice à ces élections de proximité, principalement ceux de l’opposition.  Avec un code électoral dont les dispositions ne convainquent pas tous les acteurs et observateurs de la scène politique, ces formations habituées à certains « coups bas » électoraux veulent se parer pour éviter des désagréments post-électoraux. 

Même si ces « mesures préventives » ne garantiront pas une élection à cent pour cent transparente, confie le Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (Manidem), au moins, elles permettront de limiter le jour du scrutin certains tripatouillages qui régulièrement entachent les élections, que ce soit Présidentielle, Municipales ou législatives au Cameroun. « Avec l’organisation des élections par le régime du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), on sait que rien n’est jamais parfait. Nous avons assisté aux dernières élections législatives, à une inversion des scores le jour de la proclamation dans la circonscription de Dibombari.  Tous les jours, onse préparepour réduire au maximum les risques de tripatouillage des votes », explique le Secrétaire national, chargé de la communication au Manidem, Bedimo Kouo.

Dans cette logique, le parti d’Anicet Ekanet mise sur une forte mobilisation de ses représentants dans les circonscriptions de Douala 1er et Dibombari, où il est représenté. « C’est très difficile d’avoir des scrutateurs dans les bureaux de vote. Il y a beaucoup de bureau de vote, et les partis qui n’ont pas une grande implantation ont cette difficulté. Mais c’est déjà une avancée d’avoir quasiment des représentants dans tous ces bureaux», note-t-il.

Le parti au pouvoir,par contre, soutient que le système électoral entermes de fraude, n’est plus d’actualité. Selon André Luther Meka, communicant du RDPC, dans un entretien chez nos confrères d’Equinoxe Radio, le « véritable problème aujourd’hui, c’est la corruption ». « J’aimerai que les deux concepts soient dissociés. La corruption en période électorale est mondiale. Lorsqu’on est en compétition, les enjeux sont élevés, ce qui nécessitent les gros moyens. Les coalitions, les ralliements, participent de la corruption morale. C’est un phénomène, un fait social dans le monde », se défend-il.

Des propos battus en brèche par Mongwat Amadou Ahidjo, le secrétaire national à la communication de L’Union Démocratique du Cameroun (Udc) par le même canal, qui précise que : « la fraude existe belle et bien, nous sommes habitués à la fraude, et il y a toujours eu fraude ». L’opposition camerounaise concoure dans 74 des 85 circonscriptions électorales. Près de 6,8 millions d’électeurs sont attendus dans 26 336 bureaux de vote sur le territoire national selon Elecam.

Marie Louise MAMGUE