Election 2020 : L’Est pourrait basculer dans les mains de l’opposition

C’est ce qu’ont laissé entendre à demi-mot, les ténors du Rdpc du soleil levant lors du dernier passage du Premier Ministre à l’Est. Ils en ont profité pour prévenir le gouvernement de cette situation du paradoxalement riche et précaire.

Au cours d’un meeting du RDPC présidé par le Premier ministre à Bertoua, Alphonse Wouamene Mbele, Délégué du Gouvernement auprès de la Communauté Urbaine de Bertoua a revendiqué la création d’une Université d’Etat complète à Bertoua.  Le délégué a aussi dénoncé les retards de travaux de construction de l’usine de pied de Lom Pangar et l’exploitation illégale des ressources naturelles. Dans la même lancée, David Ramses Tome Ndjako, candidat à la Commune de Bertoua 1er, a aussi regretté l’absence d’un lycée technique bilingue dans toute la région pouvant accueillir les nombreux élèves en provenance de la zone anglophone.

A son tour, Bernard Wongolo, Président de la Commission régional de la campagne du RDPC a présenté les mêmes revendications en ajoutant le mauvais réseau routier. Pour ces différents orateurs, l’Est est certes, une région acquise au RDPC mais les frustrations des populations sont de nature à orienter leurs votes en faveur des partis politiques de l’opposition en compétition pour les élections couplées du 09 février.

Pour abaisser les potentiels électeurs de l’Est, le Premier ministre, Joseph Dion Ngute a effectivement reconnu que « l’Est est un basin écologique et minier du Cameroun ». Mais, cette région regrette-t-il, connait d’énormes problèmes de développement et paie le lourd tribut des différentes crises qui secouent le Cameroun et les pays voisins à travers le flux massif des réfugiés (180.000) sur son sol. A ce fait, le PM a annoncé un certain nombre des projets en cours d’exécution comme la construction de l’usine de pied de Lom Pangar pour mettre un terme à la crise énergétique, la construction d’un hôpital de référence à Bertoua, la construction de la route Mandjou-Batouri et Mbama-Messamena entre autres projets pour améliorer les conditions de vie des populations.

Forces en présence

Les statistiques à la Délégation régionale d’Election’s Cameroon (ELECAM) à Bertoua indiquent que 331.229 électeurs sont inscrits sur les listes électorales, soit une légère augmentation d’environ 20.000 nouveaux inscrits, par rapport aux 320 369 enregistrés en 2018.  

Selon l’organe en charge des élections, la majorité des partis politiques n’ont pas participé à la mobilisation des potentiels électeurs. De même, l’absence des cartes nationale d’identité qui provient du manque des actes de naissance a également constitué un frein aux inscriptions sur les listes électorales. « Les jeunes en âge de voter ne disposent pas toujours de carte nationale d’identité. Parallèlement, ceux qui possèdent des actes de naissance et qui vivent en zone rurale sont confrontés au problème d’éloignement des postes d’identification et craignent les tracasseries policières qui les empêchent de sortir des villages », indique une source à Elecam.

En effet, la région de l’Est, avec une superficie de plus de 1000 km2 et près d’un million d’habitants ne compte que 6 postes d’identification pour 33 arrondissements. La plupart des postes surtout au niveau des frontières ont été fermés à cause de la crise centrafricaine.

Depuis le lancement de la campagne électorale le 25 janvier 2020, la même timidité est observée. En dehors Rassemblement démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) qui organise des rencontres dans les départements et les Communes, et l’Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès (UNDP) dont le président national Bello Bouba Maïgari a effectué un passage à Bertoua et à Garoua-Boulaï, les autres partis sont quasiment absents sur le terrain. L’UNDP concoure aux législatives dans les départements du Lom-et-Djerem et la Boumba-et-Ngoko.

Le parti de Bello Bouba Maïgari participe également aux municipales dans les Communes de Bertoua 2eme, Mandjou, Garoua-Boulaï et Salapoumbè. Dans le département du Haut-Nyong, le Regroupement des Démocrates Indépendants (RDI) et l’Union pour la Fraternité (l’UPF) vont s’affronter aux législatives avec le RDPC. De l’autre côté l’Alliance Nationale pour la Démocratie et le Progrès, (ANDP), le parti Univers, l’UFP et le Front pour le Salut National du Cameroun (FSNC) ont aussi présenté des listes aux municipales respectivement à Belabo, Doumaintang, Doumé et Atok.

Sébastian Chi Elvido à Bertoua