Etat civil : A l’Extrême-Nord, plus de 300 mille enfants sans acte de naissance
Source : APEEFC/ DataViz by ADISI-Cameroun

Pour le compte de l’année scolaire 2019/2020, 378 762 élèves ont échoué aux portes du certificat d’études primaires dans la région de l’Extrême-Nord pour défaut d’acte de naissance.

Ezechiel Marvizia à travers l’Association pour la protection des enfants éloignés de leur famille au Cameroun (APEEFC), dont il est le coordonnateur national, se bat au quotidien pour donner une existence officielle à des milliers d’enfants de la région de l’Extrême-Nord afin de les sortir de l’ombre. Ces enfants pour la plupart non déclarés à la naissance, ne disposent pas d’actes de naissance, une pièce pourtant indispensable pour tout camerounais. La loi camerounaise, indique d’ailleurs qu’une naissance doit être déclarée à l’officier d’état-civil du lieu de naissance dans les 30 jours suivant l’accouchement.

Source : APEEFC/ DataViz by ADISI-Cameroun

Mais dans cette région du septentrion, ce n’est pas souvent le cas, malgré la sensibilisation et les actions de la société civile en faveur des couches vulnérables.  A en croire Marvizia la non déclaration de naissance est une situation qui touche tous les départements de cette partie du pays. « Le constat est général dans la région. Il y a un phénomène qui se passe au village. Des personnes qui font accoucher les femmes dans les domiciles. On les appelle généralement « matrone et patron », ils ont pour but de faciliter les accouchements, c’est une tradition même pour les plus averties et instruites. Les parents disent que lorsque l’enfant aura l’âge de présenter le concours, ils vont fabriquer un acte dans les marchés noirs », regrette cet acteur de la société civil.

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Le Bureau national de l’État civil (Bunec) relève que 378 762 enfants du cycle primaire n’avaient pas d’acte de naissance dans l’Extrême-Nord pour l’année scolaire 2019-2020. Une situation qui a pénalisé ces enfants lors de leur présentation au Certificat d’études primaires (CEP). Pour le compte de l’année scolaire 2018-2019, déplorent le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef) et le Bunec dans une étude conjointe, 40 000 enfants de cette région ont difficilement présenté leur certificat d’études primaires pour les mêmes raisons. Une situation qui expliquerait aussi le faible taux d’alphabétisation dans cette région.

« La majorité des élèves ne disposent pas de cette importante pièce. Par conséquent, arrivés en classe de cours moyens deuxième année, ils sont contraints d’abandonner les classes. Ils ne peuvent pas présenter le CEP et l’entrée en 6e    ou tout autre concours. Également, sans acte de naissance, on ne peut établir une carte nationale d’identité, voyager ou se marier », déplore le coordonnateur national de l’APEEFC dont les actions ont permis en 2018, d’établir 5000 actes de naissance aux élèves de l’école primaire dans les départements du Logone et Chari, Diamaré et du Mayo-Tsanaga.  L’absence des actes de naissance est la conséquence entre autres, de la négligence et l’ignorance des parents, l’absence de centre d’état civil.

Marie Louise MAMGUE

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