Fièvre : Au Cameroun, plus de 65% d’enfants de moins de 5 ans exposés à l’automédication
Le corps médical qui redoute de lourdes conséquences sur la santé de l’enfant, impute cette situation à l’éloignement ou à l’inexistence des services de santé dans certaines zones rurales.
Au Cameroun, l’automédication pour traiter la fièvre, particulièrement fréquente chez les enfants de moins de 5 ans, est largement répandue. Peut-on lire dans le data brief sur la Pratique de l’automédication chez les enfants de moins de 5 ans atteints de fièvre au Cameroun publié le 21 février 2025 par l’institut national de la statistiques. Elle est plus courante dans les régions où les taux de fièvre signalés lors des consultations sont les plus élevés, notamment le Nord (44 %), l’Extrême-Nord (41 %), l’Adamaoua (37 %) et le Sud (36 %), tel que rapporté par l’Enquête sur les indicateurs du paludisme au Cameroun (Eipc, 2022).
Cette enquête a d’ailleurs montré que la fièvre avec 71,4% des cas était l’un des symptômes les plus courants pour lesquels l’automédication était pratiquée et près de 65% d’enfants atteints de fièvre ont reçu un traitement sans consultation médicale préalable. Les médicaments les plus sollicités pour l’automédication sont des analgésiques (84,7%). « Une automédication entraîne des retards dans le diagnostic et le traitement approprié du paludisme, augmentant ainsi le risque de complications graves, voire de décès. Outre les risques pour la santé, l’automédication entraîne également des perturbations économiques dans le secteur de la santé et perpétue des comportements sociaux préjudiciables », souligne l’Ins.
A cela, Dr Paul Tassé, médecin généraliste ajoute que cette pratique peut entrainer un surdosage ou sous-dosage de médicaments chose qui peut être toxique pour l’enfant. Il parle aussi des effets secondaires graves qui peuvent survenir après une prise de médicaments sans prescription médicale et entre autres, la résistance aux antibiotiques.
A en croire, Dr Tassé, l’automédication est la conséquence de l’éloignement ou de l’inexistence des services de santé dans certaines zones rurales, incitant ainsi les populations à se soigner elles-mêmes. Il ajoute le faible pouvoir d’achat des populations qui limite le paiement des frais de consultations et le manque d’informations sur les risques liés à l’automédication.
« C’est donc à ce moment que le ministère de la Santé publique doit pouvoir mettre en œuvre la couverture santé universelle (Csu) en assurant un accès équitable et abordable aux soins de santé pour tous », suggère Dr Paul Tassé. Comme lui, Henriette Menounga Infirmière diplômée d’Etat (Ide), pense que comme options stratégiques à envisager pour combattre le phénomène de l’automédication, il est important de réguler l’accès au médicament, de sensibiliser les populations sur les risques liés à cette pratique et aussi, éliminer les circuits de vente du médicament illicite.
Mélanie Ambombo







