Hydrocarbures : Kousseri vide ses réservoirs pour ravitailler le Tchad
Des usagers en quête de carburant

Hydrocarbures : Kousseri vide ses réservoirs pour ravitailler le Tchad

Depuis mars 2023, les Tchadiens peinent à s’approvisionner en produits pétroliers. Une situation qui freine plusieurs activités et ouvre la voie aux mouvements de grève qui ont éclaté ce lundi 08 mai dans la capitale tchadienne. A Kousseri, les autorités camerounaises s’organisent pour limiter les dégâts hydrocarbures à Kousseri au Tchad.

Le prix du carburant frelaté communément appelé le « zoua-zoua », a triplé depuis mars 2023 dans la ville de Kousseri, département du Logon-et-Chari à l’Extrême-Nord. Une des raisons d’augmentation de ce carburant en provenance du Nigeria voisin, invoquée par les populations de Kousseri, est la pression des usagers qui viennent du Tchad frontalier à la ville de Kousseri.

« Auparavant, on achetait le zoua-zoua à 750 F Cfa. Mais depuis quelques semaines, on l’achète entre 1200 et 2000 F Cfa », a indiqué Ousman Palai, conducteur de mototaxi à Kousseri. D’après ce conducteur, il est parfois difficile de trouver le zoua-zoua « car des personnes viennent du Tchad avec des gros moyens et en achètent tout ».

Comme tentative de solution à la crise des produits pétroliers à Kousseri, le Préfet du Logone-et-Chari, Fombélé Mathias Tayem, informe qu’il a mis sur pied un comité ad hoc pour gérer cette crise. Selon cette autorité administrative, des concertations ont permis de fixer le prix de zoua-zoua à 800 F Cfa le litre, alors qu’il était vendu entre 1 200 à 2 000 F Cfa (3 000 F Cfa à Ndjamena).

Cependant, il est difficile d’avoir une idée nette de la quantité qui quitte de Kousseri pour le Tchad car selon le préfet, certains trafiquants passent par le pont de Ngueli d’autre par le fleuve et certains par des voies non officielles. Toujours est-il qu’on observe une quantité importante à destination du Tchad.

Comment Kousseri ravitaille les populations du Tchad en carburant

« Le 4 mai 2023, j’ai signé une décision créant un comité ad hoc chargé du suivi de la gestion du carburant dans la ville de Kousseri. Ce comité qui est composé de responsables des forces de sécurité et de défense ainsi que des responsables des administrations, et chargé de suivre le processus de distribution du carburant pour éviter des blocus et des troubles à l’ordre public », a indiqué au téléphone, samedi 6 mai 2023, Fombélé Mathias Tayem. Ce comité « doit s’assurer de la fluidité du ravitaillement du carburant, veiller à l’application des prix convenus le 3 mai 2023 relative à la rareté et à la flambé des prix dans la ville de Kousseri », précise l’autorité.

La rareté et la flambé des prix des produits pétroliers dans cette ville frontalière au Tchad, a obligé ses dealers à créer des dépôts pour des stockages.« Nous allons au Nigeria avec des camions remplis des futs. Une fois au Nigeria, nous remplissons ces futs avec du carburant qu’on stocke près du fleuve Logone en attendant des acheteurs en provenance du Tchad. Avant cette crise de carburant. On allait au Nigeria avec des motocyclettes ou des starlets pour transporter ces carburants », explique, Abdou-Raman, dealer du zoua-zoua à Kousseri.

Ndjamena sur ses gardes

Au Tchad, le gouvernement reconnait cette crise de carburant que traverse le pays depuis plusieurs semaines. Cependant, il rassure que tout est mis en œuvre pour collaborer avec le Cameroun afin de trouver des solutions. « La pénurie de carburant à laquelle fait face le pays, a fait l’objet jeudi le 4 mai 2023, d’une réunion à la Primature autour du Chef du Gouvernement. Faisant le point de la situation, le Ministre en charge des Hydrocarbures et de l’Energie, M. Djerassem Le Bemadjiel a fait savoir qu’une trentaine de citernes en provenance du Cameroun sont en route pour N’Djamena et que la situation va s’améliorer progressivement dans les heures à venir », a souligné la présidence tchadienne dans un communiqué publié sur son site le 5 mai 2023 hydrocarbures à Kousseri au Tchad.

Mais les différents syndicaux tchadiens estiment que cette solution n’est pas durable. Plusieurs mouvements de grève sont annoncés dès le 8 mai 2023. L’Union des Radios Privées du Tchad (URPT), a annoncé dans un communiqué du 6 mai 2023 qu’elle a constaté « avec stupéfaction la rareté des carburants dans les stations-services de la ville de N’Djamena. Une situation que les autorités n’arrivent pas à expliquer à la population ». Selon cette association, « les radios et les organes de presse écrite sont dans le noir, et les radios ont des difficultés à émettre par manque de carburant » au Tchad.  « Face à l’indisponibilité de carburant, I’URPT demande à toutes les radios membres d’observer un arrêt de travail de deux jours à compter du lundi 8 mai 2023 tant que le problème n’est pas résolu », a annoncé la presse privée tchadienne.

La Confédération Indépendante des Syndicats du Tchad (CIST) a aussi annoncé dans un communiqué du 6 Mai 2023 que « malgré l’ultimatum lancé par la CIST lors de la fête de travail du 1 Mai 2023, la situation sociale perdure: la rareté de l’essence, gasoil, gaz butane entrainant l’inflation galopante ». Par conséquent, « la CIST demande à ses militantes et militants de rester à la maison à compter de lundi 08 Mai 2023 jusqu’à ce que le Gouvernement résolve cette situation ».

Des usagers en attente d’être servis.

Le Ministère des Hydrocarbures et de l’Energie du Tchad informe que c’est en raison de la maintenance triennale de la raffinerie de Djarmaya, que le pays a observé une suspension provisoire de la livraison de carburant (Essence, Gasoil, JetAl). « Dès janvier 2023, le Ministère a organisé deux rencontres avec les professionnels du secteur pétrolier tchadien pour anticiper les perturbations que pourraient causer ces situations. Lors de la première rencontre, le Ministère a annoncé l’arrêt de la raffinerie et la nécessité d’importer 43 millions de litres d’essence, 63 millions de litres de gasoil ainsi que du gaz butane. À la deuxième rencontre, les Marketeurs ont refusé, pour des raisons qui leurs sont propres, l’importation de ces produits, ce qui a conduit le gouvernement à se tourner vers le secteur bancaire pour lever des fonds », a indiqué le Ministère des Hydrocarbures hydrocarbures à Kousseri au Tchad.

Selon les autorités tchadiennes, pour assurer la distribution normale du carburant dans les prochains jours, 650 citernes de 36 000 litres sont nécessaires.Le Ministère des Hydrocarbures et de l’Energie tient à rassurer la population que les mesures prises pour résoudre la situation sont en train de donner des résultats. « Plus d’une centaine de camions citernes sont entrés dans le territoire national au cours des dernières 72 heures. Le carburant est en cours de distribution dans les différentes stations », a rassuré le Ministère.

Peter Kum de retour de Kousseri

 

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