Logements sociaux : L’acquisition bientôt conditionnée

Logements sociaux : L’acquisition bientôt conditionnée
Le ministre de l’Habitat et du Développement urbain et celui des Finances ont signés des projets d’arrêtés conjoints le 20 septembre 2024, qui fixent les plafonds de revenus nécessaires pour bénéficier des logements sociaux. Cependant, soutient un urbaniste, pour une réelle politique du logement, il faut entre autres, réorganiser les structures étatiques de production du logement de masse pour les rendre conforme au nouveau cadre juridique adopté.
Le rapport d’étude de 2016-2018 sur l’offre et la demande en logements sociaux et parcelles à usage d’habitations de l’Institut national de la statistique (Ins), renseigne qu’au Cameroun, Un ménage sur huit est capable de s’offrir une propriété sans l’aide de l’Etat. Cette étude mentionne aussi que seuls les ménages disposant d’un revenu mensuel d’au moins 200.000 F Cfa sont à mesure de financer l’acquisition de leur logement. Aussi pour espérer obtenir un prêt bancaire compris entre 19 et 25 millions révèle l’étude, il faut avoir un revenu mensuel d’au moins 376.000 F Cfa. Autant de conditions qui rendent difficile l’accès à un logement adéquat et abordable au Cameroun.
Des difficultés dont la recherche des solutions a donné sur la signature le 20 septembre 2024, de projets d’arrêtés conjoints entre la ministre de l’Habitat et du Développement urbain (Minhdu), Célestine Ketcha Courtés, et le ministre des Finances, Louis Paul Motaze. Les textes en préparation visent à fixer les plafonds de revenus nécessaires pour bénéficier de ces logements, ainsi que les taux minima et maxima de la redevance dans le cadre de la location-accession.
« Le sujet du logement social au Cameroun est complexe, il a besoin d’un encadrement juridique afin d’assurer que cette aide de l’Etat bénéficie directement à la cible. En ce sens plafonner les revenus des personnes pouvant y avoir accès participe à ce qui précède », réagit l’architecte et urbaniste Joseph Ndi Ndjali. Selon cet urbaniste, en regardant la situation de plus près, plusieurs interrogations subsistent. « La principale est de savoir quelle est la cible des logements sociaux au Cameroun ? Par ailleurs, la commercialisation par location – accession indique plutôt que le profil recherché est celui des cadres supérieurs eu égard du montant initial de dépôt et du temps d’amortissement. Cet acte de la Mindhu et du Minfi est une démonstration de la faible volonté politique pour résoudre le problème de logement des Camerounais et apparaît plutôt comme des mesures pour sécuriser l’accès au logement à une petite caste de fidèles », ajoute-t-il.
Pour une réelle politique du logement et résoudre la crise ambiante, Joseph Ndi Ndjali propose de mettre en œuvre les recommandations de l’étude commandée par le Minhdu sur la politique nationale de l’habitat ; mettre en place un cadre juridique (code de l’habitat) ; réorganiser les structures étatiques de production du logement de masse pour les rendre conforment au nouveau cadre juridique adopté et développer les nouveaux outils de financement.
En rappel, pour assurer un logement décent à sa population, le Cameroun s’est engagé depuis 2009 à construire 10.000 logements et à aménager 50. 000 parcelles constructibles. Au 24 septembre 2021, le taux de réalisation de la première phase du programme était évalué à 50.23% pour 2980 logements achevés, d’après le Rapport national d’examen volontaire sur la mise en œuvre de l’Odd 11 et du nouveau programme pour les villes au Cameroun.
Mélanie Ambombo







