Mortalité infantile : un nouveau-né sur 38 décédé en 2019 au Cameroun
Source - Groupe interinstitutions des Nations Unies pour l'estimation de la mortalité infantile (ONU IGME)_DataViz by ADISI-Cameroun

Le Cameroun fait partie des 9 pays au monde les plus exposés aux perturbations dans les services de santé infantile et maternelle provoquées par la pandémie de Covid-19 qui menacent des millions de vies supplémentaires d’après les dernières estimations de l’Unicef.

La pandémie du Covid-19 est une menace pour la vie des millions d’enfants dans le monde. Des enquêtes réalisées par les Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) révèlent que cette crise sanitaire a entraîné des perturbations majeures des services de santé qui menacent d’annuler des décennies de progrès acquis dans la lutte contre la mortalité infantile. En effet, les nouvelles estimations de mortalité publiée par l’Unicef, montrent que le nombre de décès d’enfants de moins de cinq ans dans le monde a chuté à son plus bas niveau jamais enregistré en 2019 à 5,2 millions contre 12,5 millions en 1990.

Cependant, dans un communiqué de presse publié le 9 septembre 2020, ces organisations soulignent que plusieurs pays subissent des perturbations dans les services de santé infantile et maternelle, tels que les bilans de santé, les vaccinations et les soins prénatals et postnatals, en raison de contraintes de ressources et d’un malaise général à utiliser les services de santé en raison de la peur de contracter le Covid-19. Une situation qui met en jeu des millions de vies supplémentaires.

Dans une enquête menée dans 77 pays, l’Unicef indique que près de 68% des pays ont signalé au moins une certaine interruption des contrôles de santé des enfants et des services de vaccination. En outre, 63% des pays ont signalé des perturbations dans les contrôles prénatals et 59% dans les soins postnatals. Dans une autre étude basée sur les réponses de 105 pays, l’Oms note que 52% des pays ont signalé des perturbations dans les services de santé pour les enfants malades et 51% dans les services de prise en charge de la malnutrition.

Les raisons les plus fréquemment citées pour les perturbations des services de santé comprenaient « les parents évitant les centres de santé par crainte d’être infectés ; restrictions de transport ; suspension ou fermeture de services et d’installations ; moins de travailleurs de la santé en raison de détournements ou de la peur de l’infection en raison de pénuries d’équipements de protection individuelle tels que masques et gants ; et de plus grandes difficultés financières. »

Le Cameroun fait partie des 9 pays au monde, dont 5 en Afrique les plus durement touchés par les perturbations liées au Covid-19. Sept de ces neuf pays affichaient des taux de mortalité infantile élevés de plus de 50 décès pour 1000 naissances vivantes chez les enfants de moins de cinq ans en 2019. Au Cameroun, un nouveau-né sur 38 est décédé en 2019, selon l’Unicef qui estime les perturbations à 75% dans les services de soins néonatals essentiels, de contrôles prénatals, de soins obstétricaux et de soins postnatals. Le taux de mortalité infantile (le nombre de décès d’enfants de moins d’un an pour 1000 naissances vivantes) est passé de 55% en 2000, 51,19% en 2018 à 50,17% en 2019, selon les estimations du Groupe interinstitutions des Nations Unies pour l’estimation de la mortalité infantile.

Compte tenu des perturbations importantes qui frappent les services essentiels de santé, déplorent ces organisations, les nouveau-nés pourraient faire face à un risque bien plus élevé de décès. Même avant la Covid-19, les nouveau-nés présentaient déjà un risque élevé de décès. En 2019, un nouveau-né mourait toutes les 13 secondes. De plus, 47 % de l’ensemble des décès d’enfants de moins de 5 ans survenaient durant la période néonatale, contre 40 % en 1990.

D’où la nécessité, soulignent ces agences onusiennes, de prendre des mesures immédiates afin de rétablir et d’améliorer les services d’obstétrique et les services anténatals et postnatals pour les mères et les bébés. Aussi de dissiper les craintes des parents et de les rassurer.

Marie Louise MAMGUE

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