Nord : Hola, un village vidé par les eaux
Des filles en quête d’eau

Nord : Hola, un village vidé par les eaux

Terrorisés par les inondations répétitives, les habitants de cette localité située dans la commune de Touroua, département de la Bénoué, ont été obligés de se déplacer en amont de la vallée qui culmine le Mayo Pounko, la rivière qui sNord : Hola, un village vidé par les eauxépare le département de la Bénoué et celui du Faro.Nord village Hola eaux

Il est environ 6 h ce dimanche, 28 novembre 2021 à Hola, une localité située dans la commune de Touroua, département de la Bénoué, région du Nord. Les habitants vaquent à leurs occupations. « Il fait trop froid ici », remarque Abdou Raouf, un habitant tout en grelottant. « Le mayo Pounko n’est pas loin de là. C’est encore mieux comme nous sommes de ce côté. Lorsqu’on habitait sur l’ancien site, c’était plus grave à cette période », lance Haoua, un autre riverain drapé dans un manteau de couleur marron.Nord village Hola eaux

Terrorisés par les inondations répétitives, les habitants de cette localité Nord village Hola eaux

Nord village Hola eauxL’ambiance qui règne ce jour est loin de traduire celle du 02 août 2007. Cette date rappelle le déluge survenu il y a 14 ans. La forte pluie qui s’était abattue dans la nuit du 1er au 02 août, avait provoqué une sortie de l’eau de son lit. Toutes les maisons avaient été inondées. « C’était terrible », se souvient Guillaume Mimbsbo. Les habitants gardent encore les séquelles de cette triste journée.  « C’est difficile d’oublier un tel évènement. Les gens ont passé la nuit sur les arbres », se souvient Azoukou, l’un des nombreux sinistrés. La furie des eaux s’est rependue dans la rivière et même au-delà. « Tard dans la nuit, l’eau est entrée dans les maisons et a réveillé tout le monde. Les gens sont tous sortis pour fuir, tout le monde cherchait à se sauver », témoigne Hassana.Nord village Hola eaux

Des filles en quête d’eau

Cette situation a contraint les habitants à changer de site d’habitationNord village Hola eaux. Sur le nouveau site situé au nord du lieu sinistré, les huttes y sont érigées. Les toitures, faites de tuiles tissées de manière artisanale sont identiques. « C’est le model que nous avons hérité de nos grands parents », confie Hassana, enseignant, natif de Hola. Un calme ambiant y règne. Quelques riverains vont et viennent chez le boutiquier du coin qui vend quelques produits de première nécessité. La population essaie au tant qu’elle peut de mener une vie normale.

Après les inondations survenues en 2007 et 2012, ce village qui vit de l’agriculture et de l’élevage, s’est en effet vidé progressivement de ses occupants. Ceux restés, environs 120 âmes, se sont délocalisés et ceinturent désormais les abords de la route de Hinga, par Touroua et de Tsorké, par Ngong.

Cette catastrophe a causé des sans-abris et des famines. Aucune perte en vies humaines, mais des dégâts matériels importants. D’après les témoignages, les eaux ont emporté près de 200 animaux domestiques, chèvres, moutons, etc. Les cases, greniers, denrées alimentaires y sont passés… « On a nagé pour échapper aux eaux. Plus de 100 sacs de maïs ont disparu. Mon papa nous avait laissé une richesse rempli dans le grenier : le Hilè et le komassi (des bandes de tissus fabriquées à base du coton et réservées pour la dot chez les Dowayo, Ndlr). On a tout perdu », raconte Azoukou, qui s’est recasé aujourd’hui à Yentè, un village situé à plus d’un kilomètre au côté sud du mayo Pounko.

Pont coupé

A ces dégâts matériels s’ajoute la destruction du pont sur le Mayo Pounko. « L’eau a emporté des troncs d’arbres retenus par le pont. Un gros baobab arraché en amont a bouché le pont. On a injecté un liquide qui a favorisé sa décomposition afin de libérer le pont », explique Hassana. Le Mayo Pounko est une rivière qui sépare deux départements de la région du Nord. Le département de la Bénoué et celui du Faro. C’est le point de chevauchement entre les arrondissements de Touroua (Bénoué) et de Poli (Faro). C’est depuis sa coupure qu’a commencé le calvaire des usagers. Difficile de rejoindre les grands marchés de la zone. Notamment, Ngong, Waté, Bandang, Pomla, Tchamba, Poli, Godé, etc. Plusieurs personnes y ont laissé la vie en traversant, surtout en saison pluvieuse. Plus de 10 décès depuis 2007 et des noyades enregistrés chaque année.

Les maires de Poli et de Béka ont mutualisé leurs efforts dans le cadre de l’intercommunalité pour une circulation fluide sur ce tronçon « Le maire de Béka, président du syndicat des maires du Faro et moi, avons validé le projet de construction du pont sur le Mayo Pounko comme projet commun. Car, ce pont va relier la commune de Poli à celle de Ngong et, à celle de Touroua. C’est une zone propice à l’agriculture. C’est aussi un raccourci pour rejoindre GarouaNord village Hola eaux. Ça va permettre aux habitants des localités environnantes de faire évacuer leurs produits dans les grands marchés. Ainsi donc, les commerçants de Ngong, de Tarba vont venir au marché de Waté », affirme sa majesté Sadou Yaouba, maire de Poli.

La traversée du Mayo Pounko

La vie sans eau à HolaNord village Hola eaux

Hola a cette particularité d’être un carrefour de trois communes. Les communes de Poli, Touroua et Ngong, partagent une même frontièreNord village Hola eaux. Cependant, les habitants vivent depuis des lustres un calvaire lié au manque d’eau. « Depuis que ce village existe, il n’y a pas de forage. OnNord village Hola eaux boit l’eau du Mayo, parfois on creuse dans le sable pour trouver de l’eau. Les bœufs viennent tous les temps s’abreuver ici. On discute l’eau avec les animaux, ce n’est pas facile pour nous », témoigne un riverain qui a requis l’anonymat.

C’est une situation que confirment les autorités municipales de Touroua. « A partir de Doundeï jusqu’à la limite avec le département du Faro, il y a un problème de forage qui se pose avec acuité. Nous avons maintes fois déplacé les engins pour forer, mais il y a toujours des difficultés à trouver de l’eau. On n’arrive pas à atteindre la nappe phréatique. Le sol est très argileux et il y a effondrement à chaque foisNord village Hola eaux. J’ai pris attache avec une entreprise qui a acquis un engin adapté à ce genre de nappe. D’ici la prochaine saison pluvieuse, je confirme que les populations de Hinga et Hola auront un forage », promet Mamadou Sanda, maire de la commune de Touroua.

Ahmed MBA’A, au Nord

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