Présidentielle 2025 : la crise minière de Kambélé se transforme en enjeu électoral

Dans cette localité de la région de l’Est, le ras-le-bol des artisans miniers et des populations, né des interdictions controversées de l’exploitation semi-mécanisée de l’or par le ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique, est devenue une patate chaude entre les mains du parti au pouvoir et un sujet de campagne pour l’opposition.

Pour la deuxième semaine de campagne électorale en prélude à l’élection présidentielle du 12 octobre 2025, la bataille entre l’opposition et le parti au pouvoir prend de l’ampleur à Batouri dans la région de l’Est. Dans ce duel, la crise minière de Kambélé est au cœur des arguments des protagonistes. Selon Sylvère Mgbatokou, président de la Fédération départementale de l’Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès (UNDP), la crise minière de Kambélé a eu un réel impact négatif auprès des populations de la Kadey. « Cette situation est caractérisée par le chômage des jeunes venus des horizons divers, l’insécurité, le sous-développement de Batouri, la chute des activités économiques, le désarroi des populations de la Kadey », dénonce cet homme politique. Selon lui, « le vote en faveur du candidat de l’UNDP le 12 octobre mettra fin à cette crise créée par le régime en place ».

Même son de cloche du côté du Social Democratic Front (SDF) dont le candidat Joshua Osih est également en course pour la présidentielle. « Nous devrons sanctionner le régime en place qui n’a pas su gérer nos ressources naturelles pour le bien des populations », estime Paul Ngamene, de la circonscription électorale SDF de Batouri. Une richesse, dont la gestion équitable sortira les jeunes du chômage dans cette partie du pays, selon Serges Espoir Matomba, le candidat du Peuple Uni pour la Rénovation Sociale (PURS). « Imaginez le nombre d’emplois que l’exploitation de tout le bois et les mines dans cette région pourrait générer. Et si on passait à la transformation de ces ressources, ce serait encore meilleur », a-t-il déclaré lors son meeting.

Du côté du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), parti au pouvoir qui a pour candidat, Paul Biya, la question minière préoccupe aussi. D’ailleurs au cours de la célébration de la nomination d’Innocent Ndilassi comme chef de la délégation permanente départementale du RDPC, le 10 mai 2025, la crise minière de Kambélé pesait déjà comme une menace pour le parti au pouvoir dans cette localité et faisait partie des principales revendications des jeunes de Batouri.

 Origine

Dans son intervention ce jour-là, Joseph Le, chef de la délégation permanente régionale, par ailleurs ministre de la Fonction publique et de la Réforme Administrative (MINFOPRA) a évoqué le malaise qui régnait dans la communauté à ce sujet, après une rencontre la veille avec les représentants des forces vives de la Kadey. « Un grand malaise règne dans la Kadey suite à la fermeture du site d’exploitation minière de Kambélé, car lorsque Kambélé ferme, Batouri et toute la Kadey suffoquent », a-t-il-révélé.

 Une décision que dénoncent les riverains. En effet, relève Alexandre Yawoui, président de l’Association des artisans miniers de Batouri, l’arrêté ministériel du 13 août 2025 est une injustice pour la communauté.  D’après cet arrêté, « le périmètre du site d’exploitation d’or de Kambélé, jadis objet du permis de recherche N°643, a été reversé au domaine public conformément aux très hautes instructions du président de la République, répercutées par la lettre du secrétaire général à la présidence de la république (SGPR) du 22 juillet 2025. Ledit périmètre fait désormais objet d’une zone de protection et d’exclusion d’activité de recherche, d’exploitation industrielle et d’exploitation artisanale semi mécanisée. Seules sont autorisées à l’intérieur dudit périmètre, les activités d’exploitation artisanale stricto sensu par les riverains autochtones de la localité ». « Ce qui se passe est simplement une expression du ras-le-bol des artisans miniers et les populations riveraines qui se disent être floués par l’arrêté ministériel », décrie Alexandre Yawoui après un mouvement d’humeur en août 2025 à Kambélé.

Depuis plus de 100 ans, l’exploitation minière artisanale est la principale activité génératrice de revenus des populations de Batouri. La crise de Kambélé, principal chantier donc il est question ici éclate avec l’arrêt des activités d’une vingtaine de sociétés minières qui exercent sur le site attribué au permis de recherche dénommé Batouri par le ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique (Minmidt), le 15 mai 2020 à la société Jamb’s Avenir Sarl. Après une longue procédure judiciaire, le Minmidt est revenu à la charge avec les arrêtés levant la suspension mais en même temps interdisant l’exploitation semi-mécanisée d’où la colère des artisans et riverains qui s’est déporté sur le terrain politique.

 Sébastian Chi Elvido à l’Est

Cet article a été produit dans le cadre du projet Partenariat pour l’intégrité de l’information.

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