Production du riz : A l’Ouest, les riziculteurs militent pour des projets participatifs

Production du riz : A l’Ouest, les riziculteurs militent pour des projets participatifs
Pour une meilleure relance de cette filière initiée par le ministère de l’Agriculture et du développement rural, les producteurs recommandent la mise à leur disposition des moyens financiers importants pour le développement de leurs activités .
Sylvain, âgé de 58 ans, a un passé nostalgique quand on évoque la culture du riz à Santchou une commune située dans le département de la Menoua, région de l’Ouest. « Nous avons consommé du riz produit localement ici il y a un peu plus de 40 ans. La Société de Développement de la Riziculture dans la plaine des Mbo’o (Soderim) nous a démontré qu’on peut en produit dans notre localité », se souvient cet habitant de Santchou, présenté comme un bassin traditionnel de production de riz.
Malheureusement, cette société n’hésite plus. Un échec que Marcel Sonafo, un agronome, justifie par la non-intégration des « communautés dans la chaîne de valeurs riz ». « Avec le désengagement de l’Etat, la Soderim s’est éteinte à la suite de l’ajustement structurel », confie-t-il.
Pourtant, en 1975, selon les chiffres de l’Institut national de la statistique (Ins), le Cameroun produisait 80% de la consommation nationale du riz. « Nous avons plutôt régressé. Nous étions partis pour être un pays exportateur de riz. Malheureusement, les politiques économiques de la chaîne de valeurs riz n’étaient pas adaptés . A Santchou, il devrait être question de passer de la politique sociétale à celle communautaire à l’exemple de Ndop dans le Nord-Ouest », constate Solange Maïla, ingénieur agronome. Aujourd’hui, la production locale du riz, indique le ministre de l’Agriculture et du développement rural (Minader), ne satisfait pas les besoins nationaux. Le pays importe chaque année, plus de 600 000 tonnes de riz. Une importation qui pèse négativement à hauteur de 200 milliards de F Cfa sur la balance commerciale.
Financement
A en croire le Pr. Anaclet Fomethe, président de la fédération des unions de sociétés coopératives de producteurs du riz de l’Ouest, qui regroupe 200 agriculteurs à Santchou et 500 à Bangourain, il est désormais important, que cette filière « soit relancée sur le prisme d’un paradigme nouveau de conceptualisation nouvelle plus mobilisateur notamment avec la responsabilité des acteurs de terrain, l’appropriation des impératifs et exigences de développement participatif ».
Il propose à cet effet, la mise à la disposition des producteurs des moyens financiers importants pour le développement de leurs activités. « L’échec des projets précédents aura été la construction à tort car le financement d’un projet par l’Etat doit être une action pérenne », a-t-il relevé . Il recommande entre autres, la fourniture d’engins et équipements permettant une mécanisation de la production, de l’aménagement des routes et d’accès aux espaces pour favoriser les travaux mécanisés et d’évacuation de la production, de la sécurisation des champs après semis contre les oiseaux et les animaux en divagation.
Lors de la relance de la filière à Santchou en octobre 2024, Gabriel Mbaïrobé, le Minader a relevé que le Cameroun projette de tripler la production du riz à l’horizon 2026 et de devenir exportateur à l’horizon 2030 . Ce nouveau plan de développement de riz vise, selon le Minader, intègre les aménagements pour la production du riz irrigué mais aussi, en partenariat avec l’Irad, pour ce qui est de la production de la semence du riz fluvial.
L’objectif est d’atteindre une production de 150 000 tonnes de riz blanchi dans les départements du Noun et de la Menoua à l’Ouest, Nord-Ouest et Extrême-Nord, régions cibles de projet, financé à hauteur de 48 milliards de F Cfa par la Banque islamique de développement. Il s’agira à l’Ouest d’aménager 1.000 hectares de terre à Santchou et 500 autres à Bangourain dans le Noun, a confié Dr. Jules Hilaire Focka Focka, président du Conseil régional de l’Ouest.
Selon le Dr. Louis-Marie Kakdeu, économiste, « le Cameroun a besoin d’une production industrielle pour couvrir son besoin. Si le Minader contribue à réhabiliter la Soderim, on peut avoir espoir. Mais si on continue dans la production artisanale, il est difficile d’inverser la courbe ».
Aurélien Kanouo Kouénéyé







